Je n’aime pas me livrer, c’est rarissime mais, étrangement, pour les quelques personnes qui suivent ce blog depuis un certain temps, j’en ai eu l’envie subite. Ce ne serait peut être pas toujours évident à comprendre, mon écriture se révélant souvent cryptique. Aussi, je sollicite votre compréhension en espérant que cela vous apporte des pistes, de l’intérêt à la lecture de ce modeste billet, très personnel.

Il y a plus d’un an et demi, je prenais une décision lourde en conséquence mais qui allait avoir un impact profond sur ma vie mais aussi sur mes convictions, sur ces vérités que je pensais détenir mais qui n’étaient au final que des concepts dans lesquels je m’étais empêtrés par peur sans doute de me confronter à une réalité bien désagréable.

C’est jeudi (et sur Twitter, c’est l’occasion de se confesser ^_^) et mon aventure bloguesque a commencé un peu grâce à cette profonde mise à plat, cette remise en question nécessaire pour essayer de mieux comprendre le monde et de parvenir à cerner ce qui n’allait pas chez moi. Au départ une juste colère contre moi-même de ne pas être comme il aurait fallu être, de ne pas être à la hauteur de ce que la société attendait de moi. L’amertume d’avoir « raté » sa vie là où, au final, il ne s’agit que d’un éveil. C’est cette chanson de Placebo qui s’impose à moi à cette époque car la musique est sans doute ce qui définit le mieux chaque étape de ma vie, comme vous l’aurez sans doute compris en suivant ce blog.

Puis, le temps a passé, des rencontres, des réflexions et peu à peu je me suis rendu compte qu’au fond, c’est notre société qui n’allait pas bien. La colère ne s’est pas apaisée mais n’était plus tourné contre moi. Un regard, une apparence, une appartenance, de la nécessité d’exister pour une famille, d’être intégré dans un couple, dans un cercle social duquel toute une vie peut dépendre car c’est bien connu, l’être humain est un animal social et il ne peut se définir et exister qu’à travers les différentes structures que nous mettons en place pour « exister ». Autant d’éléments qui m’ont révolté, entraîné vers la voie de la déconstruction pour exister réellement.

Dès la naissance, il est indispensable de se définir dans un genre et de préférence en rapport direct avec son sexe biologique.
Être femme dans un corps d’homme ou vice versa, c’est déjà le premier palier pour être considéré comme une espèce de monstre à « corriger ». Vient ensuite la socialisation par l’école. La nécessité de rentrer dans les codes de son genre, de s’affirmer en tant que mâle, de s’écraser en tant que femelle et surtout, ne jamais dévier de ce chemin déjà tout tracé.
Exister tel que le regard social demande à ce que l’on soit et ne pas s’en démarquer.

Une différence physique? Vous serez sans doute la risée de cette micro-société.
Des parents « déviants »? C’est la certitude d’être stigmatisée car ce qui n’est pas la norme est hérésie et doit être brûlé en place publique pour être bien certain que personne ne sera entraîné dans cette voie de l’indépendance. Ne parlons même pas de la possibilité d’éprouver de l’attirance pour une personne du même sexe biologique. C’est fondamentalement dangereux…

Adhérer à la norme est l’obsession que l’on grave dans le cœur de nos enfants et la névrose qu’on leur lègue, pensant participer à leur bonheur en les intégrant dans une communauté où chacun regarde son voisin pour traquer le moindre de ses faux pas sociaux.
Pourquoi le proverbe « Pour vivre heureux, vivez cachés. » serait la seule solution pour assurer sa tranquillité dans le monde?
Pourquoi n’aurions-nous pas le droit de vivre en affichant ses préférences, ses envies, bien loin du jugement péremptoire et réducteur de bien-pensants persuadés de détenir la sapience ultime?

Le système scolaire a fait son oeuvre, l’être qui en sort est brisé, modelé à l’image que la communauté désire. Il est d’ailleurs important, de bon goût de se mettre rapidement en couple car que l’on soit homme ou femme, il est important d’être avec quelqu’un. Pour l’homme, la femme est représentative du statut social, de son ambition. Sa beauté représente sa capacité à conquérir, à atteindre les hautes sphères, à devenir un homme puissant et respecté. Pour la femme, c’est sa seule et unique solution pour exister que de vivre par un homme, d’enfanter et d’assurer son rôle d’épouse une fois les premiers émois amoureux passés.

Une vie parfaitement tracée du berceau à la tombe car une fois la famille perpétuée il faudra enseigner les mêmes traumatismes à la génération suivante pour être certain que la société sclérosée perdure dans ses clichés.

Je me suis réveillé avant la tombe car je n’arrive pas à concevoir que l’on puisse vivre ainsi enchaîné, bridé dans son essence par des ersatz de choix, des conditionnements tout au plus, menant immanquablement à se trahir, à ignorer ce qu’est l’amour, ce qu’est la confiance.
Dévier des rails est sûrement la plus belle désobéissance que vous puissiez assumer pour vos convictions, même si manifester son individualité dans une communauté « soudée » est sûrement la manifestation de ce que l’on qualifiera d’un égoïsme profond.

Personne ne mérite de se sacrifier pour autrui, de mener une vie basée sur l’abandon de tout choix parce que c’est ainsi que cela devrait être. Homme ou femme, reprendre le contrôle de sa vie, rejeter les clichés, les carcans et considérer l’autre en tant qu’être égal.

Se défaire des comportements sexistes, rejeter les entraves du couple et vivre véritablement libre, respecter l’autre pour ce qu’il est réellement et non pour ce qu’on nous a enseigné qu’il doit être.

Voilà, la voie que j’ai choisi d’emprunter il y a un certain temps, ce que j’ai rejeté, ce que j’ai accepté et ce pour quoi j’ai envie de me battre à l’avenir. Je porte cette rage, cette colère d’avancer toujours en étant fier de ce que je suis et en rejetant toute soumission et injustice.