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Depuis le 17 novembre dernier, la France est agitée de soubresauts provoqués par un mouvement dit des gilets jaunes dont le quatrième samedi de mobilisation vient de s’achever.
Que l’on soit pour ou contre, on ne peut nier l’impact considérable des réseaux sociaux dans leur organisation et plus particulièrement de Facebook.

Et comme tout mouvement né sur les réseaux sociaux, la guerre informationnelle fait rage avec son lot de fake news partagées aussi bien par les pro gilets jaunes que par leurs opposants.

La réponse du gouvernement

Mais voilà que je tombe au grès de mes pérégrinations sur cette vidéo poussée par le gouvernement pour faire la peau aux fake news. Je vous laisse déjà vous faire votre idée sur le sujet :

L’action de communication est salutaire en cette période de troubles où toute information devient vraie du moment qu’elle est hurlée et partagée par un grand nombre de personnes.

Néanmoins, prenons du recul et analysons le discours. Les premières secondes partent bien avec un décorticage en bonne et due forme des mécaniques sous-jacentes à la viralisation d’une fausse information avec une insistance particulière sur la manipulation des émotions.

En effet, un bon post sur les réseaux sociaux qu’il soit vidéo, photo ou textuel, doit engager la cible pour qu’elle ait envie de la partager. Pour pousser plus loin le raisonnement, il convient aussi de se poser les questions suivantes que je détaillais dans cet article :

  • Qui est l’auteur de la fausse information ?
  • A qui profite la manipulation ?
  • Quel est l’objectif visé ?

Sauf que l’intervenante, et le gouvernement par son entremise, choisissent de prendre un raccourci en mettant en place la vision de médias traditionnels qui seraient détenteurs de la vérité. Ce qui est un comble quand on constate à quel point la liberté de la presse est mise à mal depuis plusieurs années en France (33ème pays selon RSF).

Conspuer le vecteur de la fake news

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Le discours se dégrade par la suite. Selon l’experte mandatée par l’Etat, il faudrait presque ridiculiser la personne partageant la fausse information pour inverser la tendance.

Erreur de communication notoire qui ne peut pas conduire à ce cercle vertueux où tout un chacun serait capable de discerner le vrai du faux pour ne partager que des informations vérifiées et authentiques.

Bien au contraire, une telle attitude ne peut conduire qu’à la radicalisation de ces personnes humiliées publiquement pour avoir osé partager une fausse information.

Algorithmes de la peur et de la haine

Soulignons au passage qu’une telle attitude conduira invariablement à un débat stérile sous le post en question. L’effet indésirable premier sera que les algorithmes de Facebook donneront une visibilité plus importante à la fameuse fake news parce que ce qui fait qu’un post viralise sur les réseaux sociaux passe avant tout par la prise en compte du :

  • nombre de likes, réactions reçus
  • nombre de commentaires déposés sous le post
  • nombre de partages

Rappelons à ce titre la mécanique très bien appliquée par Konbini comme l’explique Un Créatif dans sa vidéo :

Monter les gens les uns contre les autres ne silenciera pas les fake news et ses producteurs, bien au contraire…

Chacun-e bien dans sa bulle

Ajoutons que le second effet de l’algorithme magique de Facebook sera de vous emmener progressivement dans une bulle de filtre fort salutaire à travers laquelle vous ne verrez plus que des contenus à votre goût.

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Mark Zuckerberg, pour lutter contre les fake news, décida début 2018 de donner la priorité aux posts de vos amis mais aussi à ceux des groupes auxquels vous adhérez. Au final, ce ne fut qu’un coup de pouce maladroit à cette bulle de filtre largement exploitée par le mouvement des gilets jaunes.

L’entre-soi ainsi facilité favorise la circulation des fausses informations avec un enfermement complet dans un écosystème informationnel propice aux manipulations émotionnelles et cela aussi bien pour les pro gilets jaunes que pour leurs détracteurs.

Alimenter le clivage

Cette vidéo conclut par le fait que n’importe qui peut se faire avoir par une fausse information. Ce qui est une vérité absolue dans laquelle se glissent pourtant certains points dérangeants.

L’intervenante emploie le terme de « dogmatique » et souligne l’impact des croyances des personnes partageant des fausses informations. Soyons honnêtes un instant : nous sommes toutes et tous sous l’influence de nos croyances et des biais se créent dès le départ.

Le biais de confirmation expliqué par Nicolas Gauvrit et déjà évoqué dans ses colonnes à l’occasion de l’élection de Donald Trump nous touche toutes et tous sans exception que l’on soit producteur de fake news ou fact-checkeur confirmé.

Vouloir déterminer à l’avance qui sont les bons de l’information des méchants de la fake news est la manifestation d’une propagande peu élaborée dont l’objectif ne devrait pas être la désinformation étatique à peine camouflée.

A défaut de vouloir manipuler, fournir aux populations des outils pratiques afin de pouvoir se forger une opinion face à un ensemble de faits serait bien plus tributaire pour une société où le vivre ensemble devrait être la visée finale.

Poser les bonnes questions

En clôture, je ne peux que vous encourager à vous poser les bonnes questions lorsque vous êtes confrontés à une information. A l’heure où la liberté d’informer est menacée par les forces de police, les journalistes restent un des derniers remparts à défendre face à la propagande et à la désinformation.

Concluons par cette méthodologie en vidéo sur les bons réflexes à adopter sur les réseaux sociaux face à une information (et garantie sans intention de manipuler à des fins de propagande) :