Il y a fort fort longtemps, une méchante sorcière lança une malédiction sur tous les personnages de contes de fées et ils furent bannis dans une petite ville perdu au coeur du Maine, Storybrooke, pour y être emprisonnés ce qui aurait pu être une éternité… Mais c’était sans compter l’arrivée d’un mystérieux sauveur…
Non, non, ne zappez pas.
Je vous l’accorde, à la lecture du synopsis, l’on se demande ce que les scénaristes/réalisateurs ont encore inventé pour captiver le spectateur.
Pour autant, ils sont loin de s’être loupés avec cette série diffusée initialement sur ABC depuis le 23 octobre 2011, doté de 2 saisons complètes et d’une troisième en cours de diffusion.
Vous l’aurez bien entendu compris: la série exploite les ressorts des contes de notre enfance pour les intégrer dans une série à l’américaine, répartie sur des saisons de 22 épisodes. Ce format assez long est surprenant étant donné que les séries dites populaires telles que Game of Thrones ou True Blood sont calquées sur un mini format de 10-12 épisodes.
Cela importe peu, au final, le plaisir étant là malgré quelques longueurs.
Rentrons donc dans la structure de la série et ce qui fait qu’on s’y attache rapidement malgré un épisode de départ déroutant pour un spectateur habitué à un déroulé linéaire. Ce n’est pas Cloud Atlas mais l’on se rapproche de cette idée d’avoir des allers et retours fréquents entre passé et présent.
D’ores et déjà, il y a notre époque où nous découvrons la vie d’Emma Swan, une orpheline qui, à ses 28 ans, va être rattrapée par son passé suite à l’apparition de son fils Henry, qu’elle avait abandonné 10 ans auparavant. Il vient juste de fuguer pour retrouver sa mère biologique et lui expliquer qu’elle doit venir à Storybrooke car elle est la personne qui sauvera les personnages de contes de fée emprisonnés dans cette mystérieuse ville.
Voilà pour le point de départ.
Ce monde d’aujourd’hui va être entrecoupé de scènes dans le monde des contes de fée. Ce glissement crucial permet au spectateur de découvrir les identités réelles des différents habitants de Storybrooke ainsi que les raisons qui ont mené la méchante reine (finalement pas si affreuse 😉 ) à jeter cette malédiction. Bien entendu, les personnages de contes de fées ne sont pas conscients de ce qu’ils sont vraiment et seuls quelques uns sont capables de se souvenir qui ils étaient avant la malédiction, certains agissant pour détruire la malédiction, d’autres œuvrant pour la maintenir en l’état.
Les séquences contes de fée/réalité s’enchaînent dans chaque épisode de manière très fluide apportant un rythme intense à la série tout en pénétrant plus profondément encore dans les méandres enchantés et sombres de Storybrooke.
Parce que qui dit contes de fées dit « one true love » et vous savez sans doute comme cette idée d’amour véritable me gonfle si vous lisez fréquemment le blog.
Pour autant, les scénaristes ne tombent pas dans la guimauve et les contes d’antan ont été en quelque sorte réécrits pour offrir une certaine âpreté au caractère habituellement affable de certaines personnages. Si vous vous êtes endormi devant Blanche Neige et le Chasseur, vous serez enchanté de constater que le personnage de Blanche Neige est autrement plus savoureux dans Once Upon a Time. Bad ass à souhait, elle n’hésite pas, à la tête de sa troupe de sept nains et l’épée à la main, à prendre d’assaut le château où est retenu son prince charmant.
Ces libertés par rapport aux contes d’origine apportent un éclairage inédit sur ces personnages que l’on pensait monolithiques et offrent aux
scénaristes des ouvertures pour surprendre le spectateur tout en approfondissant le plaisir que l’on a à découvrir le passé de ces héros et héroïnes pas si lisses que ça.
Puisque la seconde ornière dans laquelle aurait pu tomber les scénaristes, cela aurait bien pu être un manichéisme forcené qui diviserait les bons des méchants.
Que ce soit au cœur des intrigues du monde normal ou bien dans celles du monde magique, chaque personnage a ses motivations bien définies et aucun ne se pose en adversaire sans âme juste là pour décorer. Et ça, c’est important car à mon sens les « méchants » doivent être tout aussi attachants que les « gentils » (voire plus 😛 ).
Et cette empathie que le spectateur peut ressentir pour les différents personnages, c’est bien l’acteur qui va lui donner vie.
Once Upon a Time n’est pas en reste du coup avec son casting tout à fait à la hauteur de la tâche. J’avoue, presque honteusement, que j’ai un très gros faible pour la prestation de Robert Carlyle (déjà vu dans l’excellent bien que chaotique 28 semaines plus tard mais aussi The Full Monty ou bien Trainspotting) qui interprète avec brio le fascinant, déroutant et agaçant Rumplestiltskin (Tracassin en VF). D’apparence monstrueuse et inhumaine, le spectateur découvrira au fil de lot que sous ses dehors démoniaques, il est avant tout un être humain avec des motivations, des faiblesses et des choix qui ont présidé à ce qu’il est devenu sans pour autant le figer définitivement dans ce qu’il est.
Et c’est la grande force de Once Upon a Time que d’avoir des personnages oscillant perpétuellement entre la satisfaction égoïste de leurs péchés les plus sombres ou l’accomplissement de leur « destinée » pour le bien du plus grand nombre. Des choix, toujours des choix lourds en conséquence pour la suite de l’histoire.
Bien entendu, je n’ai pas pu m’empêcher de scruter la série du côté des personnages féminins. Les scénaristes étaient-ils tombés dans le piège des contes de fées qui veut que la princesse et la femme en général ne sont que des prétextes aux quêtes des différents héros?
Et bien non et c’est très rafraîchissant étant donné que les personnages féminins sont nombreux, ne tombent pas dans les clichés habituels du genre et vont même parfois à contre-pied total de l’image d’Epinal que l’on se faisait d’eux. Le parti pris d’avoir une héroïne indépendante, solitaire, qui n’arrive pas à se faire à l’idée d’être mère, se préoccupant de son enfant sans pour autant parvenir à assumer toutes ses responsabilités, y fait sans doute pour beaucoup et donne ainsi un bon coup de pied à certains stéréotypes de genre assez répandus (du type les femmes seraient naturellement faites pour être mères). S’ajoute à cela un petit chaperon rouge bien loin d’être aussi faible que le conte l’aurait voulu ou bien une Blanche Neige bien moins tendre et insipide que ce dont on a l’habitude.
Un grand thème parcourt également de bout en bout la série, à savoir la relation à l’enfant que ce dernier soit abandonné ou élevé par un seul parent. Cela donne lieu à de nombreuses réflexions sur la parentalité, sur les névroses et autres psychoses que l’on peut léguer à sa descendance volontairement ou inconsciemment. Cela renforce d’autant plus la sympathique que l’on peut éprouver pour certains protagonistes tout en entretenant les motivations (bonnes ou mauvaises) qu’ils nourrissent à l’égard de leurs parents/enfants.
Vous l’aurez compris: la série a plusieurs niveaux de lecture rappelant par moment la complexité d’un Sucker Punch ou d’un Cloud Atlas, derrière un contenu qui pourrait paraître, de prime abord, enfantin et superficiel.
Assez de vous donner l’eau à la bouche, voici le trailer de la première saison 🙂 :
Faut-il perdre du temps à voir cette série?
Sans nul doute (ne serait-ce que pour Rumplestiltskin !)
La première saison m’a captivé et la seconde commence sur un rebondissement spectaculaire qui donne envie de dévorer les épisodes à toute vitesse (pas trop vite, la saison 3 n’est pas encore complètement diffusée ^_^).