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Focus Série #9: Once Upon a Time

once_upon_a_time_emmaIl y a fort fort longtemps, une méchante sorcière lança une malédiction sur tous les personnages de contes de fées et ils furent bannis dans une petite ville perdu au coeur du Maine, Storybrooke, pour y être emprisonnés ce qui aurait pu être une éternité… Mais c’était sans compter l’arrivée d’un mystérieux sauveur…

Non, non, ne zappez pas.
Je vous l’accorde, à la lecture du synopsis, l’on se demande ce que les scénaristes/réalisateurs ont encore inventé pour captiver le spectateur.
Pour autant, ils sont loin de s’être loupés avec cette série diffusée initialement sur ABC depuis le 23 octobre 2011, doté de 2 saisons complètes et d’une troisième en cours de diffusion.

Vous l’aurez bien entendu compris: la série exploite les ressorts des contes de notre enfance pour les intégrer dans une série à l’américaine, répartie sur des saisons de 22 épisodes. Ce format assez long est surprenant étant donné que les séries dites populaires telles que Game of Thrones ou True Blood sont calquées sur un mini format de 10-12 épisodes.

Cela importe peu, au final, le plaisir étant là malgré quelques longueurs.
Rentrons donc dans la structure de la série et ce qui fait qu’on s’y attache rapidement malgré un épisode de départ déroutant pour un spectateur habitué à un déroulé linéaire. Ce n’est pas Cloud Atlas mais l’on se rapproche de cette idée d’avoir des allers et retours fréquents entre passé et présent.

kinopoisk.ru

D’ores et déjà, il y a notre époque où nous découvrons la vie d’Emma Swan, une orpheline qui, à ses 28 ans, va être rattrapée par son passé suite à l’apparition de son fils Henry, qu’elle avait abandonné 10 ans auparavant. Il vient juste de fuguer pour retrouver sa mère biologique et lui expliquer qu’elle doit venir à Storybrooke car elle est la personne qui sauvera les personnages de contes de fée emprisonnés dans cette mystérieuse ville.

Voilà pour le point de départ.
Ce monde d’aujourd’hui va être entrecoupé de scènes dans le monde des contes de fée. Ce glissement crucial permet au spectateur de découvrir les identités réelles des différents habitants de Storybrooke ainsi que les raisons qui ont mené la méchante reine (finalement pas si affreuse 😉 ) à jeter cette malédiction. Bien entendu, les personnages de contes de fées ne sont pas conscients de ce qu’ils sont vraiment et seuls quelques uns sont capables de se souvenir qui ils étaient avant la malédiction, certains agissant pour détruire la malédiction, d’autres œuvrant pour la maintenir en l’état.

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Les séquences contes de fée/réalité s’enchaînent dans chaque épisode de manière très fluide apportant un rythme intense à la série tout en pénétrant plus profondément encore dans les méandres enchantés et sombres de Storybrooke.

Parce que qui dit contes de fées dit « one true love » et vous savez sans doute comme cette idée d’amour véritable me gonfle si vous lisez fréquemment le blog.
Pour autant, les scénaristes ne tombent pas dans la guimauve et les contes d’antan ont été en quelque sorte réécrits pour offrir une certaine âpreté au caractère habituellement affable de certaines personnages.  Si vous vous êtes endormi devant Blanche Neige et le Chasseur, vous serez enchanté de constater que le personnage de Blanche Neige est autrement plus savoureux dans Once Upon a Time. Bad ass à souhait, elle n’hésite pas, à la tête de sa troupe de sept nains et l’épée à la main, à prendre d’assaut le château où est retenu son prince charmant.

Ces libertés par rapport aux contes d’origine apportent un éclairage inédit sur ces personnages que l’on pensait monolithiques et offrent aux

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scénaristes des ouvertures pour surprendre le spectateur tout en approfondissant le plaisir que l’on a à découvrir le passé de ces héros et héroïnes pas si lisses que ça.

Puisque la seconde ornière dans laquelle aurait pu tomber les scénaristes, cela aurait bien pu être un manichéisme forcené qui diviserait les bons des méchants.
Que ce soit au cœur des intrigues du monde normal ou bien dans celles du monde magique, chaque personnage a ses motivations bien définies et aucun ne se pose en adversaire sans âme juste là pour décorer. Et ça, c’est important car à mon sens les « méchants » doivent être tout aussi attachants que les « gentils » (voire plus 😛 ).

once_upon_a_time_rumplestiltskinEt cette empathie que le spectateur peut ressentir pour les différents personnages, c’est bien l’acteur qui va lui donner vie.
Once Upon a Time n’est pas en reste du coup avec son casting tout à fait à la hauteur de la tâche. J’avoue, presque honteusement, que j’ai un très gros faible pour la prestation de Robert Carlyle (déjà vu dans l’excellent bien que chaotique 28 semaines plus tard mais aussi The Full Monty ou bien Trainspotting) qui interprète avec brio le fascinant, déroutant et agaçant Rumplestiltskin (Tracassin en VF). D’apparence monstrueuse et inhumaine, le spectateur découvrira au fil de lot que sous ses dehors démoniaques, il est avant tout un être humain avec des motivations, des faiblesses et des choix qui ont présidé à ce qu’il est devenu sans pour autant le figer définitivement dans ce qu’il est.

Et c’est la grande force de Once Upon a Time que d’avoir des personnages oscillant perpétuellement entre la satisfaction égoïste de leurs péchés les plus sombres ou l’accomplissement de leur « destinée » pour le bien du plus grand nombre. Des choix, toujours des choix lourds en conséquence pour la suite de l’histoire.

Bien entendu, je n’ai pas pu m’empêcher de scruter la série du côté des personnages féminins. Les scénaristes étaient-ils tombés dans le piège des contes de fées qui veut que la princesse et la femme en général ne sont que des prétextes aux quêtes des différents héros?

Et bien non et c’est très rafraîchissant étant donné que les personnages féminins sont nombreux, ne tombent pas dans les clichés habituels du genre et vont même parfois à contre-pied total de l’image d’Epinal que l’on se faisait d’eux. Le parti pris d’avoir une héroïne indépendante, solitaire, qui n’arrive pas à se faire à l’idée d’être mère, se préoccupant de son enfant sans pour autant parvenir à assumer toutes ses responsabilités, y fait sans doute pour beaucoup et donne ainsi un bon coup de pied à certains stéréotypes de genre assez répandus (du type les femmes seraient naturellement faites pour être mères). S’ajoute à cela un petit chaperon rouge bien loin d’être aussi faible que le conte l’aurait voulu ou bien une Blanche Neige bien moins tendre et insipide que ce dont on a l’habitude.

Un grand thème parcourt également de bout en bout la série, à savoir la relation à l’enfant que ce dernier soit abandonné ou élevé par un seul parent. Cela donne lieu à de nombreuses réflexions sur la parentalité, sur les névroses et autres psychoses que l’on peut léguer à sa descendance volontairement ou inconsciemment. Cela renforce d’autant plus la sympathique que l’on peut éprouver pour certains protagonistes tout en entretenant les motivations (bonnes ou mauvaises) qu’ils nourrissent à l’égard de leurs parents/enfants.

Vous l’aurez compris: la série a plusieurs niveaux de lecture rappelant par moment la complexité d’un Sucker Punch ou d’un Cloud Atlas, derrière un contenu qui pourrait paraître, de prime abord, enfantin et superficiel.

Assez de vous donner l’eau à la bouche, voici le trailer de la première saison 🙂 :

Faut-il perdre du temps à voir cette série?

Sans nul doute (ne serait-ce que pour Rumplestiltskin !)
La première saison m’a captivé et la seconde commence sur un rebondissement spectaculaire qui donne envie de dévorer les épisodes à toute vitesse (pas trop vite, la saison 3 n’est pas encore complètement diffusée ^_^).

Focus Série #8: The Walking Dead

The_Walking_DeadVoici quelques semaines que je suis tombé dans le phénomène The Walking Dead… avec ce plaisir masochiste de se faire peur avec des angoisses purement reptiliennes.

Oui, je l’avoue, j’ai une peur panique de l’image du zombie et de sa capacité à contaminer et à faire perdre tout contrôle…

Pour celles et ceux qui vivent dans une grotte ou ont une sainte horreur des morts-vivants, cette série d’AMC s’inspire directement du comics éponyme réalisé par Robert Kirkman (scénariste), Tony Moore (premier dessinateur) puis Charlie Adlard (second dessinateur).

L’histoire narrée pourrait nous arriver.
Rick Grimes, shérif adjoint dans une petite ville américaine près d’Atlanta, est hospitalisé suite à une fusillade.
Quelques semaines plus tard, Rick se réveille dans un hôpital déserté… enfin presque puisqu’il va se retrouver rapidement confronté à d’étranges créatures, ombres d’êtres humains avides de chair fraîche.

Il apprendra plus tard au contact des premiers survivants rencontrés que ces monstres sont les vestiges d’une humanité transformée en rôdeurs mus uniquement par la faim.
Ces zombies sillonnent seuls ou en groupe les villes et campagnes abandonnés suite à une contamination mondiale.

Je ne rentrerai pas plus dans les ficelles de l’intrigue, pour vous laisser vous délecter des multiples rebondissements.

Voici d’ores et déjà le thème lancinant et oppressant du générique:

En revanche, il faut avouer que nous ne sommes pas face à une série de plus sur les zombies.

Là où un Resident Evil va proposer du massacre de zombie à la pelle au point d’oublier petit à petit que ces êtres furent des êtres humains à la base, Frank Darabont et Robert Kirkman ne cessent de nous rappeler le lien qui unit les survivants à ces morts errants. Et c’est bien ce qui est le meilleur dans la série comme le pire et qui provoque un profond sentiment de malaise chez le spectateur puisque les rescapés vont devoir réécrire complètement leur moralité en tuant des proches infectés.

De fait, nous sommes bien loin d’un massacre à la chaîne  tel que l’on peut voir dans un film comme Planète Terreur.
Pas de folie meurtrière pour Rick et ses amis, juste une survie qui consiste à fuir devant les hordes innombrables de rôdeurs affamés. En effet, les armes à feu sont rarement une solution puisqu’elles risquent de ramener plus de zombies que ce que le groupe pourrait défaire.
Le spectateur est ballotté de situation choquante en découverte macabre et les protagonistes sont constamment mis au centre de choix moraux qui pourraient remettre en cause définitivement leur concept d’humanité. Les plus effrayants ne sont pas forcément les rôdeurs.

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The Walking Dead est une aventure qui prend littéralement aux tripes puisque, non contents d’offrir une expérience visuelle saisissante, les réalisateurs nous offrent une palette d’acteurs attachants tant dans leur folie que dans leurs faiblesses. Des êtres humains comme vous et moi face à l’horreur d’un monde devenu fou où toutes les règles ont été remises en question. Décrire précisément leur caractère, ce serait gâcher le plaisir de la découverte puisque derrière l’horreur, c’est avant tout une expérience humaine bouleversante et intense par la rencontre avec ces individus perdus dans la survie et le désespoir.

Vous vous en doutez, la peur de la contamination est omniprésente et le groupe sera amené à faire des choix dramatiques lorsqu’ils devront faire face à cette situation qui ne peut mener qu’à l’extinction de leur fragile communauté si elle venait à ne pas être maîtrisée.

Pour résumer en quelques mots, The Walking Dead (et encore, c’est difficile d’en faire un simple condensé), le mythe du zombie est traité avec brio dans cette série télévisuelle de haut vol.
Captivante à souhait grâce à des plans de camera angoissants, une tension constante et des acteurs que l’on aime à regretter ou à détester tant ils incarnent à merveille tous les travers les plus sombres de l’humanité.

Pour clore ce billet, voici le trailer annonçant la première saison de la série (qui en compte 3 à ce jour) :

Puisque ne l’oublions pas, ce qui est le plus à craindre lors d’une invasion de zombies, ce ne sont pas les morts mais bien les vivants qui continuent à survivre…

Focus Série #7: Once More With Feeling

Buffy_The_Vampire_Slayer_Once_More_With_FeelingAprès un article pas très gentil sur Oz, je continue dans ma lancée de Buffy The Vampire Slayer avec l’excellentissime, que dis-je, magnifique épisode, Once More With Feeling traduit dans la langue de Molière en Que le spectacle commence!

Ce septième épisode issue de l’avant dernière saison des aventures télévisées de la Tueuse projette nos héros dans une comédie musicale orchestrée par le diabolique mais terriblement charismatique Sweet.
Considéré par beaucoup de fans de Buffy comme un des meilleurs épisodes de la série, c’est l’occasion de redécouvrir les différents personnages à travers des séquences formellement comiques mais fondamentalement très sérieuses.

Voici, entre autre, deux séquences extraites de l’épisode:

Malheureusement, je n’ai trouvé que de la VF mais cela va sans dire que pour tout fan, la VO est tout simplement obligatoire.
La première séquence Going Through The Motions traite des problèmes rencontrés par Buffy suite à sa résurrection, de sa difficulté à se sentir vivante et à ressentir des sentiments.
Les images, comme les lyrics ont un côté comique mais souligne à merveille le marasme dans lequel la Tueuse se noie petit à petit, d’hypocrisie en faux semblant auprès de ses amis.

La seconde séquence intervient plus tard lorsque Buffy vient récupérer des informations auprès de Spike.

Souvenez-vous de cette réplique 😛 :

Spike : T’es juste venue me pomper des infos ?
Buffy : Qu’est-ce que tu voulais que je te pompe d’autre ? J’en reviens pas de ce que je viens de dire.

Outre l’aspect purement outrancier de la réplique du vampire, la discussion s’enchaîne sur la chanson Rest In Peace où Spike avoue que cet amour qu’il éprouve pour Buffy le détruit peu à peu. Un morceau rock sombre et triste avec une note d’espoir à la fin.

Séquence légendaire et sans doute ma préférée de l’épisode (vous pardonnerez la piètre qualité), il s’agit de l’excellente I’ve Got A Theory où le Scooby Gang travaille à comprendre ce qui affecte Sunnydale et ses habitants. Bien entendu, c’est l’occasion pour eux de chanter en groupe avec de jolies perles d’humour dont la phobie des lapins d’Anya mis en avant dans un passage très heavy metal.
Je vous laisse savourer ce passage si vous ne le connaissez pas déjà:

Les thématique de l’amitié, du partage des peines et des joies filtrent tout du long de cette chanson et rappellent toutes les épreuves que le groupe a du traverser au cours des saisons écoulés.
Gros moment d’émotion pour une composition où une fois de plus l’humour et le sérieux se mélangent à merveille.

Mais que serait cet épisode sans le diabolique Sweet qui se décide à kidnapper Dawn, la soeur de Buffy pour l’emmener en Enfer.
Interprété par Hinton Battle, le démon entraîne la jeune femme dans un blues endiablé avec un joli numéro de claquettes. Humour et auto-dérision filtre tout du long de la chanson.

Vous l’aurez compris, j’adore cette épisode, ne serait-ce qu’à travers l’ensemble des références que Joss Whedon s’amuse à dissimuler tout au long de sa réalisation.
Qui plus est, les acteurs se livrent totalement dans le jeu puisque nombre d’entre eux jouent de la musique, chantent et dansent. Un vrai délice auquel certains  n’ont pas hésité à rendre hommage et je pense entre autre à l’équipe de la Flander’s Company qui s’est amusée pour le premier épisode de la saison 3 de sa série à intégrer de multiples clins d’oeil à l’oeuvre de Joss Whedon.

Pour clore ce billet, je vous propose de découvrir si ce n’est déjà fait, le très bien vu Once More With Devil et relever les références au Whedonverse mais pas seulement :

Joliment mis en scène, n’est ce pas?

Willow : Salut.
Oz : C’est drôle, j’allais dire la même chose.

Oz_Buffy_The_Vampire_SlayerJe ne vous cacherais pas que Buffy The Vampire Slayer fait sans doute partie de mes séries préférées.
Je vous en ai déjà parlé et, actuellement, gros scoop, je suis en train de me revoir l’intégralité des sept saisons.
Dans ce modeste billet, je voulais vous partager quelques observations sur le personnage d’Oz, particulièrement dans sa relation à Willow et aussi bien entendu ce qui ressort selon ma grille d’analyse (peut être faussée ou trop poussée, vous pourrez vous déchaîner dans les commentaires par la suite 😉 ).

D’ores et déjà, qui est le sympathique mais taciturne Oz?

C’est un jeune homme devenu loup-garou malgré lui (mordu par son jeune cousin) et qui en prend conscience au contact du Scooby-Gang. Il est guitariste dans un groupe, fait fondre les filles mais ne s’intéresse pas vraiment aux petites groupies qu’il trouve hystérique et sans saveur. Il remarquera la discrète Willow dans un costume ridicule et les deux finiront pas se tourner autour pour finalement sortir ensemble. Oz, soyons clair, a tout du garçon bien sous tout rapport même si le danger est présent trois jours par mois où il se transforme la nuit en loup-garou incontrôlable. Le mythe de la belle et la bête, qui revient d’ailleurs dans la relation Buffy-Angel voire Buffy-Spike.

Il reste qu’Oz se veut maître de lui-même à tout moment avec une position en retrait constante, y compris dans son couple où il n’exprime que trop rarement ses émotions.
Les seules qui semblent filtrer de manière flagrante durant toute sa relation avec Willow sont d’une violence palpable. Violence quand il se rend compte qu’il a pu perdre le contrôle de la bête en lui. Violence lorsqu’il constate que Willow a embrassé Alex et également violence lorsqu’il décide de quitter Willow de peur de la blesser.

De fait, j’ai comme l’impression que Joss Whedon a souhaité décrire dans ce personnage l’ambivalence classique et naturelle que l’on voudrait intégrer en chaque homme.
Le gentleman et la bête avec pour point focal la femme qui est le déclencheur pouvant transformer le gentleman en abomination hyper-violente.
Oz personnifie cette dénonciation même s’il en est victime bien malgré lui, ce qui ne le rend pas moins responsable de ses actes.

La relation de couple unissant Willow et Oz peut sembler égalitaire mais souffre pourtant de décisions prises par Oz sans consultation de Willow, sans véritable communication, cela provenant du caractère profondément introspectif et taciturne du personnage mais pas seulement. Oz refuse de partager sa bête avec Willow qui souhaiterait l’aider à mieux se maîtriser, rechigne à lui pardonner son errance avec Alex en la plaçant comme femme infidèle qui a bafoué le « one true love » très adolescent et surtout préfère se laisser dépasser par sa bête lors de sa rencontre avec Veruca, menaçant directement la dictature de fidélité qu’il a instauré dans son couple. Puisqu’il s’agit effectivement de son couple et plus d’un espace commun partagé avec Willow à ce stade de la série.

Oz réalise qu'il s'est laissé aller...

Oz réalise qu’il s’est laissé aller…

Dans l’épisode 6 de la saison 4 Wild at Heart, Oz va découvrir la nature véritable de Veruca, une loup-garou qui assume l’entièreté de sa condition sans faux semblant et qui se laisse chevaucher par la bête. Elle incite Oz à faire de même. Il s’y refuse bien que son instinct lui dicte le contraire. Il en viendra pourtant à tromper Willow en se laissant dominer par sa nature et tentera de se justifier auprès de cette dernière en lui rappelant que c’était le loup qui parlait et pas lui.

Et pourtant…

Cet échange est particulièrement intéressant puisque par ce loup, Marti Noxon en charge de l’écriture de cet épisode donne l’impression de critiquer cet argument fréquent évoqué au sujet de la « nature volage » des hommes, également repris par les partisans du viol à l’insu de leur plein gré: l’homme agirait par nature car il ne serait pas capable de maîtriser son instinct le poussant à la copulation, souvent titillé par des femmes qui le chercheraient bien au final…

"Je te quitte mais c'est pour ton bien, car je sais ce qui est bon pour toi..."

« Je te quitte mais c’est pour ton bien, car je sais ce qui est bon pour toi… »

La crise se soldera par une rupture voulue et choisie par Oz, seul, qui abandonnera Willow sans lui demander son avis.
Confiscation de la parole en faisant le choix à sa place, soulignant une fois de plus que l’espace du couple n’était plus maîtrisée par les deux participants mais uniquement par Oz, qui sait fatalement ce qui est bon pour sa compagne. A noter au passage que Veruca avance à plusieurs reprises le fait qu’elle sait ce qu’elle peut apporter sexuellement à Oz. Elle est la bête, la femme qui assume sa sexualité et qui propose une sensualité bestiale épanouissante à ce dernier là où Willow, qu’il respecte plus que tout autre, ne pourrait pas apaiser la bête qui est en lui.

L’histoire aurait pu se conclure ainsi mais l’épisode 19 de la saison 4 New Moon Rising marque le retour d’Oz à Sunnydale alors que Willow est en train de reconstruire sa vie.
Cette dernière fréquente depuis quelques temps Tara sans avoir réellement fait son coming-out auprès de ses amis et sans vraiment avoir réalisé les sentiments qu’elle éprouve pour la jeune femme.
Le retour d’Oz va brouiller les cartes, particulièrement parce que ce dernier serait parvenu à maîtriser la bête en lui. Ce dernier est d’ailleurs persuadé que Willow l’a attendu. Il s’est renseigné et sait qu’elle n’a vu aucun garçon depuis son départ.

La bête resurgit...

La bête resurgit…

Une fois de plus, par son personnage, Marti Noxon dépeint l’archétype du mâle, persuadé que la femme l’attend et a besoin de lui de toute manière, que ce one true love pardonne tout, y compris les violences et les abandons. Qui plus est, cela dénote une vision remarquablement hétérocentrée qui va tomber en miettes puisque si Willow n’a pas connu d’autres garçons depuis, elle a connu une femme dont elle est tombée amoureuse. L’ironie veut qu’Oz le découvre grâce à sa bête qui perçoit l’odeur de Willow sur Tara, qui comprend que son territoire typiquement masculin a été envahi. La bête, soit disant dominée, va se réveiller et il tentera de tuer Tara. Le  réalisateur s’amuse de cette vision du mâle de l’ancien temps qui ne peut accepter l’évolution de la femme et de sa liberté de vivre sans lui, de choisir qui elle veut aimer et avec qui elle veut partager son intimité.

Une conclusion malgré tout heureuse...

Une conclusion malgré tout heureuse…

Une vision résolument féministe qui se traduit à la fin de l’épisode par le départ définitif d’Oz, incapable de se dominer face à une situation qu’il refuse de plein bloc puisqu’il veut avant tout posséder Willow et non l’aimer en opposition avec la déclaration de Tara qui désire tout du long de l’épisode le bonheur de Willow quelle que soit sa décision.

De prime abord, Oz a été pour moi un personnage sympathique, ne serait-ce qu’à travers son humour flegmatique, et son apparence de bon gars mais j’avoue qu’après ce retour sur le personnage et cette contre-analyse transversale, il apparaît bien plus comme le concentré de bon nombre de traits peu reluisants que l’on retrouve chez de nombreux hommes. Une bonne critique en somme de ce que les hommes peuvent améliorer pour tendre vers une véritable égalité.

Quel est votre avis sur le personnage et sa relation avec Willow?

Focus Série #5: Californication

Voilà une série que je voulais voir depuis un certain temps, sans doute parce que j’ai un kiff tout particulier pour son acteur principal, David Duchovny qui a bercé mon adolescence à travers X-Files et que j’ai également pris plaisir à redécouvrir dans Evolution, la comédie hilarante des créateurs de Ghostbusters.

De fait, il fallait que je vois cette série ou tout du moins que j’en découvre quelques épisodes.

C’est chose faite et je dois dire que je n’ai qu’une envie, c’est dévorer les cinq saisons que cette série dramatique.

Rentrons un peu dans le synopsis.

Hank, interprété par David Duchovny, est un écrivain talentueux mais qui ne parvient plus à écrire un traître mot. Fraîchement séparé de Karen, la mère de sa fille Becca, alors âgée de 12 ans, Hank tente de reconstruire sa vie à Los Angeles, toujours tiraillé par l’amour qu’il ressent à l’égard de son ex, qu’il ne cesse de harceler de ses assiduités maladroites et pathétiques. Le spectateur suit ainsi les aventures de cet homme profondément désabusé et cynique qui multiplie les excès pour oublier à quel point il a échoué à sauvegarder ce qu’il y avait de plus important dans sa vie, à savoir sa famille.

Drogue, alcool et sexe sont autant de moyen pour Hank de fuir son échec, tout en tentant piteusement de reconquérir ce qu’il a perdu.
L’on pourrait s’attendre à ce que la série soit ouvertement voyeuriste rien qu’avec la mention « sexe » mais le réalisateur évite cet écueil et dresse une psychologie fine de ses personnages à travers les pensées et les actes de Hank qui oscille constamment entre réalité, rêve et cauchemar.

A noter que les dialogues sont très pertinents, particulièrement en version originale où David Duchovny adopte une voix traînante, renforçant le désintérêt qu’il porte à la vie et surtout aux autres, trop occupé à se lamenter sur ses propres problèmes. Notre anti-héros se révèle aussi bien blessant pour son environnement que pour lui-même dans ses actes comme dans ses mots et la seule chose qui le raccroche encore à la vie est sa fille avec qui il entretient une relation de profonde complicité.

Becca: Father?
Hank Moody: Daughter?
Becca: Why is there a naked lady in your room?
Hank Moody: Uh… You. Stay… Right here.
Becca: There’s no hair on her vagina. Do you think she’s okay?
Hank Moody: I’ll check.

La musique tient également un rôle prépondérant dans la série, celle-ci rythmant parfaitement bien les différentes phases d’un épisode. Qui plus est, les dialogues et l’historique des personnages fourmillent de références à la musique, ce qui approfondit d’autant plus l’analyse que l’on peut avoir des séquences.

Et cerise sur le gâteau: on ne s’ennuie pas et cela grâce à un format court très synthétique. Les épisodes font rarement plus d’une demi heure et les saisons sont composées de 12 épisodes chacune.

Bref, si vous avez du temps utile à tuer, Californication est la série à voir, ne serait-ce que pour avoir une vision de la forme que peut prendre une addiction.
C’est d’ailleurs assez complémentaire de Shame dans le traitement de l’addiction sexuelle, même si le ton est bien entendu fondamentalement différent.

Voici le trailer sorti à l’époque du lancement en 2007:

Hank va devenir au cours de la première saison blogueur pour un magazine de Los Angeles et pour clore ce billet, je ne vois que cette citation très représentative de désespoir du personnage.
Nihiliste à souhait mais avec un humour décapant…

HelL-A Magazine blog number 1. Hank hates you all. A few things I’ve learned on my travels through this crazy little thing called life. One, a morning of awkwardness is far better than a night of loneliness. Two, I probably won’t go down in history, but I will go down on your sister. And 3, while I’m down there it might be nice to see a hint of pubis. I’m not talking about a huge 70’s Playboy bush or anything. Just something that reminds me that I’m performing cunnilingus on an adult. But I guess the larger question is why is the city of angels so hell bent on destroying its female population.