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Mon avis sur Pacific Rim

pacific_rim_afficheVoilà un film que j’attendais.
La bande annonce m’avait enthousiasmé et je dois dire que je n’ai pas été déçu.

Je dirais que je me suis retenu toute la séance de battre des mains pour manifester mon allégresse face à cette débauche d’images, de sons, de personnages qui m’ont simplement enchanté. Les dernières fois où j’ai ressenti ça, c’est quand Virginie Despentes a remis Lionel Jospin en place, quand je me suis plongé une énième fois dans Cloud Atlas ou quand j’ai découvert tout récemment les mécaniques parfaitement huilées du jeu de société Seasons (promis je vous en parle dès que je l’ai testé plus en profondeur).

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos Kaijus.

D’ailleurs, c’est quoi un Kaiju?
C’est un monstre japonais, mais aussi un style de film venant du pays du Soleil Levant. Les Kaijus ne sont pas vraiment vu comme des monstres mais plus comme des phénomènes naturels contre lesquels les japonais sont plus ou moins impuissants. Le plus célèbre des Kaijus, c’est bien entendu Godzilla décliné dans de nombreux films avec des adversaires tout aussi titanesque comme Mothra.

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Les deux pilotes d’un Jaeger

Pacific Rim commence en août 2013. Une faille spatio-dimensionnelle s’est ouverte dans l’océan pacifique et des Kaijus ont commencé à en émerger, dévastant les zones de civilisation face à une humanité impuissante. Celle-ci lance le programme Jaeger et construit ses propres monstres mécaniques, sorte de gigantesques robots pilotés par deux individus d’exception dont le cerveau est relié par un pont neurologique.

Les premiers Kaijus sont rapidement éliminés par cette force de riposte jusqu’à l’avènement des Kaijus de catégorie 4 qui vont inverser la tendance, menant l’humanité en 2025 à la veille de la fin du monde alors que le programme Jaeger est sur le point d’être abandonné.

Voilà en quelques mots le synopsis d’un film que certains ont volontiers traiter de série Z.

Et c’est là toute la virtuosité de Guillermo Del Toro, qui, après avoir produit un ridicule Mama (je sais, c’est facile de se moquer des films à petits budgets), propose une réalisation toute en nuance et remplie de références que de nombreux geeks prendront plaisir à traquer. La première d’entre elles, la plus évidente, c’est l’hommage vibrant à Neon Genesis Evangelion et à ses Evas aussi inquiétantes que fascinantes. Si les Jaegers ne sont pas des bio-méchas, ils fonctionnent malgré tout sur un lien très intime entre les deux pilotes qui doivent dériver dans les souvenirs de l’autre pour s’accorder et contrôler de manière synchrone le gigantesque mecha. Cette idée de dérive est fabuleuse et donne naissance à des flashbacks plus vrais que nature et très bien amenés dans la structure scénaristique. Une pirouette audacieuse qui permet au réalisateur d’approfondir ses personnages en nous faisant rentrer dans leur tête.

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La conclusion d’un combat épique

Le réalisateur s’est aussi largement amusé avec les Kaijus, monstres terrifiants et impressionnants, rappelant furieusement quelques horreurs inspirées du mythe de Cthulhu et échappées de la lointaine et immergée cité de R’lyeh. D’ailleurs, pour parler de ces créatures, Del Toro attache un soin particulier à développer leur motivation en présentant la raison de leur venue sur Terre qui, même si elle se révèle sommaire, en fait des protagonistes à part entière plus que de simples bestioles à éliminer pour faire plaisir aux amateurs d’effets spéciaux.

Par extension, les combats se révèlent magistralement menés. Bien loin du cinéma du chaos où les scènes d’actions fouillies et ponctuées d’explosion donnent plus envie au spectateur de vomir que de s’intéresser à ce qui se passe sur l’écran, les combats entre Jaegers et Kaijus sont finement millimétrés. Chaque image a du sens, participe à l’immersion du spectateur dans l’action et à de nombreuses reprises, je me suis pris à serrer les dents d’angoisse devant un Jaeger au bord de l’explosion suite à l’assaut furieux d’un Kaiju. Le suspens est là et ça fait plaisir.

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Un kaiju pas très très content

Et cette réalisation ne serait rien sans sa bande son et son thème si particulier signé par un grand qui s’est fait connaître à travers une série qui cartonne actuellement. C’est Ramin Djawadi qui avait déjà signé la bande son de Game of Thrones qui prend en main l’ambiance musicale de Pacific Rim et lui donne ce cachet impressionnant qui participe à l’intégration du spectateur dans le combat désespéré de l’humanité contre ces Kaijus démesurés. Ce compositeur sait ce que veut dire le mot « épique » !

Et les acteurs me direz-vous?

Simplement parfaits, pas un qui ressort plus que l’autre, ils sont simplement dans leur rôle, au service du scénario sans que l’un d’entre eux ne viennent écraser l’autre par son charisme. C’est finement mené avec de quoi vous distraire longuement tout en méritant d’être revu pour apprécier la beauté des images, le soin apporté aux méchas comme aux Kaijus.

Guillermo Del Toro signe un film hommage à une culture geek un peu underground qui mérite d’être mieux connus du grand public. Je regrette d’ailleurs que l’adaptation annoncée mais toujours retardée de l’oeuvre d’Howard Philips Lovecraft, Les Montagnes Hallucinées, ait finalement été annulée par des studios trop frileux…

Pour clore ce billet, le trailer pour vous encourager à aller passer un excellent moment au cinéma:

Mon avis sur Cloud Atlas

Cloud_AtlasJ’en parlais dans ma critique d’Oblivion: il fallait que je vois rapidement Cloud Atlas, simplement parce que j’avais été bluffé par la bande annonce.

Celle-ci me rappelait, allez savoir pourquoi, des films tels que Café de Florel’Effet Papillon ou l’Armée des 12  singes, de petits bijoux dissertant sur la force des coïncidences et de leur répercussion sur l’avenir.

Qui plus est, une des séquences faisait furieusement cyberpunk et vous connaissez ma marotte pour ce type d’univers dystopique. Cela aurait été dommage de passer outre.

Seul bémol, la durée du film qui m’a un peu fait peur. 2h50, cela présumait de probables longueurs avec des temps morts débilitants.

Et pourtant…

Déjà, commençons par la bande annonce:

5 minutes de bonheur qui représente à peine les 2h50 d’une réalisation porteuse d’un message dense et bouleversant.

Avant de rentrer plus en profondeur dans la présentation de ce chef d’oeuvre, redéfinissons le contexte.
Cloud Atlas, à la base, c’est un livre éponyme de David Mitchell publié pour la première fois en 2004.
Le film s’en inspire largement même si certains détails divergent, ce qui n’est de toute façon pas le propos du billet.

L’oeuvre littéraire est portée à l’écran par Andy et Lana Wachowski qui coréalisent le film au côté de Tom Tykwer.

Le synopsis nous dévoile 5 histoires entre-mêlées allant du 19ème au 23ème siècle.
Chacune de ces séquences sont connectées à l’autre par de nombreux détails que je ne dévoilerai pour vous laisser la surprise de la découverte et de la recherche.
Et le talent des réalisateurs se manifeste à travers la structure donnée à la narration puisque les histoires se mêlent les unes aux autres par d’habiles sauts et fondus qui participent à l’immersion du spectateur dans le motif général de l’histoire. Ce qui peut sembler se révéler très confus au départ gagne en structure et en logique à mesure que la trame générale se dévoile.

CLOUD ATLASCette trame est renforcée par le casting minuscule du film puisque la plupart des acteurs interviennent tout au long des 5 séquences dans des personnages différents mais aux rôles presque identiques puisque chacun garde son « camp ». Par exemple, Hugo Weaving, le fameux agent Smith dans Matrix ou Red Skull dans Captain America, joue encore une série d’opposants aux héros/protagonistes des différentes séquences et se révèle profondément jouissif dans sa capacité à incarner un establishment volontairement oppressant et réactionnaire. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Les mots me manquent pour vous faire passer toute l’émotion que j’ai ressenti dans ce film volontairement militant qui ne risque pas pour autant de remplir les salles, malheureusement.

Le format long ne gène pas à un seul instant tant l’histoire est immersive et que l’on se sent porté par le message volontiers libertaire de l’oeuvre.
L’amour, comme la liberté sont au centre du discours du film et prennent toute leur force à la fin du film lorsqu’un des héros affirme avec force contre un des représentants de l’establishment que cette océan contre lequel une goutte ne peut lutter est justement composé d’une infinité de gouttes qui elles peuvent faire changer le cours de cette océan.

Apprendre de ses erreurs et aller au delà, voir qu’une action isolée peut engendre dans le futur un changement profond dans la société et dans le monde.
C’est le message poignant et prenant de Cloud Atlas, qui rappelle à quel point les actions individuelles et le militantisme sont importants pour défendre nos droits, nos libertés et notre humanité contre une apathie grandissante, un cynisme effrayant, qui brisent et nous confisquent nos rêves et notre capacité à ressentir, à être tout simplement.

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Bien entendu, s’il y a bien un univers que j’ai préféré, c’est bien le tournant cyberpunk où Sonmi-451, héroïne révolutionnaire malgré elle, provoquera une révolution qui balaiera un monde dystopique où les êtres humains sont enchaînés de la plus vile des façons à des consortiums économiques et financiers dépourvues de toute humanité. C’est beau, bouleversant et porteur d’espoir pour peu que le message soit entendu.

Parce que fondamentalement, j’en ai voulu au public dans la salle, à ses réactions stéréotypées et fermées d’esprit.
Parce que le travail fait sur les acteurs et leur transformation étaient proprement fabuleux. Parce que la transphobie se fait ressentir jusque dans la salle de cinéma quand Hugo Weaving apparaît magnifiquement grimé en infirmière Noakes, sadique à souhait, les rires mal à l’aise fusent malgré eux. Le personnage prête à rire pour certain-es alors qu’il est simplement authentique. D’autres scènes vont également attirer les rires du public, des éclats manifestes d’un malaise par rapport aux images montrées, aux messages portés d’une profondeur dérangeante pour des sociétés qui ne voulant pas se remettre en question ont fini par dépérir.

CLOUD ATLASLa question de l’homosexualité est d’ailleurs évoqué dans un des récits et rappellent à quel point l’homophobie est prégnante dans de nombreuses sociétés, ce qui est d’autant plus d’actualité avec l’adoption toute récente du mariage pour tous dans un climat délétère d’homophobie clairement manifestée.
Cloud Atlas a tout du film incontournable, du grand film à revoir plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités pour réaliser à quel point son discours est féministe, égalitariste, ouvert sur le monde, l’acceptation d’autrui et la liberté, en totale opposition des sociétés visant le contrôle de l’individu au profit d’une oligarchie folle.

Et j’oublie de parler des musiques et de son thème lancinant qui prend au corps, retentissant tout au long de l’intrigue, porteur d’espoir là où il ne semble plus y en avoir pour ces gouttes perdues au milieu de ce maelstrom fou. Nos vies ne nous appartiennent plus et pourtant elles ont le pouvoir d’influer sur le monde d’une manière bien plus profonde que l’on ne pourrait l’imaginer…

Oui, Cloud Atlas dérange et c’est pour cela que je vous recommande de le voir au plus vite.

Qu’en avez-vous pensé pour celles et ceux qui l’ont vu?

Mon avis sur Oblivion

oblivion-poster-408x600La grande aventure quand tu vas au cinéma, c’est que tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber.
Pour peu que ton planning soit contrarié, tu n’iras peut être même pas voir le film initialement choisi et c’est un peu ce qui s’est passé pour moi hier.

Initialement, je voulais voir Cloud Atlas et j’ai fini sur Oblivion pour une obscure histoire de contretemps.
Aucune déception dans le sens où je souhaitais voir les deux.

Tom Cruise remplit toujours autant les salles puisque cette dernière était comble.

Mais trêve de billevesées et rentrons dans le vif du sujet: le film.

Joseph Kosinski est un illustre inconnu pour moi, réalisateur de Tron: l’héritage, il reste pourtant dans le domaine science fiction avec un Oblivion à la bande annonce bien léchée.
Action, romance, robots, monstres mystérieux et manipulation à l’échelle mondiale: de quoi contenter tout fan basique de SF.

Voici d’ores et déjà le trailer:

Nous sommes en 2077.
La Terre n’est que ruines suite à l’invasion des chacals, des aliens mystérieux qui, non contents d’avoir détruit la lune et provoqué des cataclysmes sur toute la planète, l’ont envahie au point que l’humanité a du recourir à l’arme nucléaire pour gagner la guerre. La Terre ainsi polluée est devenue inhabitable et les survivants ont migré vers Titan, une lune de Saturne pour y reconstruire notre civilisation.

Oblivion-VictoriaJack (Tom Cruise) et Victoria (Andrea Riseborough) sont restées sur Terre dans une station en haute altitude pour s’assurer du bon fonctionnement des stations visant à acheminer l’eau vers Titan, réparant et protégeant les drones contre les attaques des chacals.

Voilà comment débute l’histoire.

Je ne vous dévoilerai pas les ficelles du scénario (voire les cordes, soyons un peu mauvais langue) mais la réalisation est plutôt bien menée.
Pas de véritables surprises, les acteurs sont bien dans leur rôle sans être transcendants et le synopsis s’articule avec harmonie du début à la fin de l’histoire.

Oblivion-JackLes images sont belles et ce qui fait sans doute la force du film, ce sont les musiques magistrales menées par Anthony Gonzalez, leader du groupe électro français M83.
Si vous avez lu la critique de Café de Flore ou celle de Sucker Punch, vous saurez à quel point je suis sensible à la subtile alchimie des images et de la musique et, sans pour autant atteindre ce niveau d’émotion, Oblivion possède une bande son bien maîtrisée, facilitant l’immersion dans ce monde apocalyptique où vivent Jack et Victoria.

Je dois avouer que j’ai été particulièrement scotché par la chanson éponyme de M83 en collaboration avec Susanne Sundfor.
Composition aérienne, atmosphérique qui représente bien cette fuite de mémoire, au limite de la poésie que j’ai ressenti tout au long de la réalisation.
Etrangement, j’ai retrouvé la désespérance obscure teintée de mélancolie que j’avais ressenti à l’écoute du premier album de 30 Seconds to Mars.
Une épopée dans l’espace, perdue aux confins d’une mémoire trafiquée.

Pour clore ce billet, je dirais que le film est prévisible mais le sujet est parfaitement maîtrisé et le réalisateur déroule son histoire avec talent, les scènes d’action ne sont ni trop longues, ni trop courtes et l’intrigue ne s’embourbe pas dans des longueurs désespérantes. Deux heures qui passent vite au côté de personnages attachants, combattant avant tout pour la préservation de leur humanité face à un envahisseur insidieux.

A voir, sans hésiter 🙂

Mon avis sur Alice in Wonderland

Alice_in_wonderland Qui a dit que la télévision ne diffusait que des daubes infâmes?

J’ai eu le plaisir d’être surpris il y a quelques semaines par Up in the Air et je redécouvre hier soir le Alice de Tim Burton avec un regard nouveau.

Esthétiquement, c’est formidablement bien léché et le thème principal signé Danny Elfman a ce côté enchanteur, lancinant mais aussi vaguement effrayant.

Couplé cela à une chanson tie-up d’Avril Lavigne de toute beauté et vous avez musicalement quelque chose qui de quoi me faire vibrer.

Donc, à première vue, l’on imagine un simple conte avec la patte macabre burtonesque sans forcément rentrer plus en profondeur dans l’analyse. Et pourtant, ce film est une véritable perle tant dans la place de la femme et de son autonomie au sein de la société que la notion de développement personnel.

C’est ce que je vous propose de découvrir dans cette modeste review du film.

Resituons déjà l’histoire.

Alice Kingsley (jouée par Mia Wasikowska) a 19 ans et comme toute fille de bonne famille, elle est promise à un avenir « radieux » : mariage avec un homme qu’elle n’aime pas, enfants imposés, j’en passe et des pires.
La position de la femme telle qu’elle était (et qu’elle est encore parfois de manière plus détourné) au 19eme siècle ne permettait pas à une femme de s’autodéterminer et de choisir sa vie.
Or, au cours d’une réception donnée en l’honneur du mariage arrangée entre Alice (cette dernière n’ayant toujours pas accepté quoique ce soit) et Hamish Ascot, un jeune Lord aussi arrogant que répugnant, la jeune femme aperçoit un lapin blanc habillé d’un costume et possédant une montre à gousset.

Mue par une impulsion, elle décide de partir à sa poursuite, délaissant son prétendant. Son retour au pays des merveilles commence alors.

Tim Burton a choisi de revisiter les Aventures d’Alice au pays des merveilles d’une manière en tout point féministe par la place qu’il donne à Alice tout au long de cette nouvelle épopée.
Dès le départ, Alice ne se souvient pas de son précédent voyage décrit dans le livre de Lewis Carroll et ceci s’explique à mesure que l’intrigue progresse.
La jeune femme a toujours mis sur le compte du rêve et de l’affabulation cette précédente incursion particulièrement depuis le décès de son père. Ce dernier l’encourageait dans ses pérégrinations imaginaires en l’invitant, comme lui, à admettre six choses impossibles avant le petit déjeuner, ce qu’elle fera lors de l’affrontement final contre le monstrueux Jabberwocky afin de se donner la force d’avancer dans des contrées où les règles de la société ne peuvent plus s’appliquer.

Cette question de la société oppressant l’imagination et plus particulièrement la liberté d’entreprendre et de décider de sa vie pour la femme est au centre de l’oeuvre de Tim Burton.
Et en cela, le film a une portée féministe.

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Une chenille qui vous veut du bien!

Plus en profondeur, le réalisateur va également critiquer par la satire les femmes entièrement soumises aux conventions sociales (et de fait au patriarcat) que ce soit à travers les deux jeunes femmes recommandant à Alice le mariage avec le jeune Lord ou les courtisanes de la Reine Rouge, se déguisant pour mieux coller aux desideratas délirants de leur souveraine despotique.
La dictature de l’apparence et de ce qui est bon de faire pour une femme sont au centre de la critique burtonesque.

Bien entendu, tout cela ne serait rien sans l’interconnexion permanente entre ce monde intérieur dans lequel Alice se bat pour sa liberté et le monde réel où d’autres décident à sa place de ce qu’elle doit faire de sa vie. Tout au long du film, des êtres aimés ou haïs vont se retrouver au sein du pays des merveilles. La jeune femme retrouvera son père à travers le Chapelier Fou (joliment interprété par Johnny Depp), non pas dans une relation patriarcale mais dans une relation égale où le Chapelier va plus faire office de guide pour Alice voire de protecteur se sacrifiant que de personnage décidant à sa place de ce qui est bon pour elle. Cette position est renforcée d’autant plus à travers les questions qu’il ne cessera de lui poser pour remettre en cause les certitudes de la jeune femme et l’interroger sur ce qu’elle désire vraiment dans l’existence.

Absolem, la chenille, va également tenir un rôle clé dans ces interrogations qui sans guider la jeune femme va l’inciter à se poser des questions sur ce qu’est Alice. D’une certaine manière, il représente le parent qui va laisser son enfant subir de plein fouet la réalité de l’âge adulte pour l’aide à grandir et à décider par lui-même ce qu’il/elle désire de l’existence. La chrysalide qui se transforme en papillon.
L’on  retombe en revanche tout à fait dans le thème du roman d’apprentissage cher à Lewis Caroll. Cette chenille savante se retrouve dans Lord Ascot père, qui va donner sa chance à Alice en lui offrant la possibilité de mener la vie qu’elle désire sans considération de sexe ou de genre.

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Une bête à défaire, personnification de nombreuses embûches à venir pour Alice!

Iracebeth, la terrible Reine Rouge (jouée par la fascinante Helena Bonham-Carter) se pose comme la mère prise dans les conventions, cette même mère qui impose à Alice ce mariage sans son consentement. Elle est là pour maintenir l’ordre, son autorité et non pour permettre à celles et ceux qui l’entourent d’aspirer à leurs rêves et à une vie libre. Ce qui est en totale opposition avec la Reine Blanche, Mirana (interprétée par Anne Hathaway) que je ne peux m’empêcher de relier à la grande soeur d’Alice, mariée contre son gré à un Lord infidèle et menteur. Femme respectée, écoutée par Alice auprès de laquelle elle va trouver conseil que ce soit dans la réalité ou au pays des merveilles. C’est également à elle qu’un pouvoir légitime sera restitué une fois le Jabberwocky vaincu.

Parlons justement de cette bête féroce à laquelle Christopher Lee prête sa voix: dans le mythe, ce n’est ni plus ni moins que l’âge adulte que doit affronter Alice, qu’elle cherche à fuir par l’imaginaire.
Cet âge adulte est fait de conventions, de nécessités, de sacrifices, de concessions et surtout d’injustices à l’égard des femmes qui souhaitent s’autodéterminer. C’est l’abandon de l’être au profit de la société. Etat de fait qu’Alice vaincra en inventant la vie qu’elle désire grâce à son imagination. C’est aussi la raison pour laquelle elle parviendra à défaire le Jabberwocky, à se souvenir de sa deuxième incursion au pays des merveilles et à subjuguer Lord Ascot père pour qu’il finance et accompagne son projet à la fin du film.

La victoire d’une femme contre une société patriarcale oppressive. Ce n’était sans doute pas la volonté originelle portée par Lewis Caroll dans ses livres mais c’est la réinterprétation résolument féministe d’un Tim Burton décidément très inspiré pour cette réalisation.

Pour clore ce billet, je vous propose de revoir le trailer.

Avez-vous le même regard sur ce film de Tim Burton?

Mon avis sur Up in the Air

up_in_the_airIl arrive parfois qu’au détour de quelques errances télévisuelles, j’aboutisse sur un film plutôt intéressant et c’est ce qui m’est arrivé hier soir (quelle vie trépidante ^_^).

Up in the Air (In the Air en français, cherchez pas, les traducteurs ont du encore prendre de la drogue comme pour Time Out) est une comédie dramatique américaine sortie en 2009.
Son réalisateur et scénariste, Jason Reitman, n’est autre que le fils d’Ivan Reitman dont je ne présenterais plus les films (Ghosbusters et Evolution pour ne citer qu’eux).
Est-ce que cela va en faire un bon film?

C’est à voir. En tout cas, avant de le découvrir, j’en avais entendu de très bonnes critiques et j’avais hâte de me faire un avis sans vraiment savoir de quoi ça traitait.
Nébuleusement, je savais qu’il y avait des morceaux de George Clooney voyageant en avion aux quatre coins des Etats Unis.

Voyons déjà la bande annonce:

Ryan Bingham (interprétée par le beau George) est un spécialiste du licenciement.
Il est ainsi dépêché un peu partout pour faire son sale boulot avec professionnalisme et une certaine vacuité morale, usant à outrance de sa métaphore du sac pour justifier sa vie de nomade sans engagement. Célibataire, sans aucun lien familial évident, il paraît d’emblée au spectateur profondément haïssable de part son cynisme et son absence de compassion réelle à l’égard des personnes qu’ils virent. Son seul objectif est d’atteindre les dix millions de miles sur son programme AAdvantage d’American Airlines.

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Natalie et Ryan en plein entretien de licenciement

Sa vie risque d’être remise en cause lorsque Natalie Keener (Anna Kendrick), jeune employée de la société pour laquelle il travaille, propose de révolutionner le système en introduisant un système de licenciement par vidéo-conférence. Ryan, menacé, va mettre en avant que cette méthode manque totalement de doigté et d’humanité. Son patron le prend au mot et lui impose d’emmener Natalie avec lui pour la former.

Voilà le pitch fichtrement bien amené puisqu’il va permettre de mieux comprendre pourquoi Ryan est aussi « inhumain » et surtout voir un changement timide se passer à travers le triptyque qu’il va former malgré lui avec Alex Goran (Vera Farmiga), une femme partageant ses valeurs excessivement individualistes dont il va malgré tout tomber amoureux, et la jeune Natalie, bien loin des réalités du travail dans lequel elle s’est engagée.

Jason Reitman propose une vision bien plus humaine qu’on pourrait le croire de ce métier hors norme et le spectateur assiste, médusé, aux entretiens de licenciement.
Ryan est habile, fin psychologue et parvient systématiquement à faire passer ce licenciement comme un nouveau départ pour ces personnes souvent en fin de carrière.

Tout au long du film, la métaphore du sac revient encore et encore, justifiant le mode de vie assumé par Ryan.
En quelques mots, le sac est un fardeau que l’on remplit de choses et d’autres tels que les amis, la famille, l’amour.
En parfait nomade, Ryan ne voyage qu’avec une minuscule valise pour n’avoir à se poser véritablement nul part jusqu’à sa rencontre avec Alex qui va le faire changer petit à petit malgré lui.

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Alex et Ryan flirtant tout en plaisantant sur leur vie de nomade

Le personnage de Natalie est également fascinant, véritable stéréotype du one-true-love.
Pour elle, l’amour compte avant tout et elle est en attente constante de cet amour indéfectible et éternel de la part d’un homme (et uniquement d’un homme).
Une vision purement hétérocentrée et très naïve qui fait sourire Alex comme Ryan qui se révèlent profondément désabusés vis à vis de l’amour et de l’être humain en général.

Pourtant, malgré ce cynisme ambiant et constant martelé de répliques très bien trouvées qui n’ont pas manqué de me faire sourire, Ryan va changer progressivement en renouant avec sa famille et osant faire une déclaration d’amour inappropriée à Alex (vous comprendrez pourquoi en regardant le film).

Jason Reitman nous offre une réalisation sans temps mort avec des acteurs convaincants et un scénario recelant quelques bonnes surprises tout en incitant le spectateur à réfléchir sur ce qui est vraiment important dans la vie alors que Ryan, solitaire, finit son aventure, une fois de plus dans les airs…