Voilà un film que j’attendais.
La bande annonce m’avait enthousiasmé et je dois dire que je n’ai pas été déçu.
Je dirais que je me suis retenu toute la séance de battre des mains pour manifester mon allégresse face à cette débauche d’images, de sons, de personnages qui m’ont simplement enchanté. Les dernières fois où j’ai ressenti ça, c’est quand Virginie Despentes a remis Lionel Jospin en place, quand je me suis plongé une énième fois dans Cloud Atlas ou quand j’ai découvert tout récemment les mécaniques parfaitement huilées du jeu de société Seasons (promis je vous en parle dès que je l’ai testé plus en profondeur).
Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos Kaijus.
D’ailleurs, c’est quoi un Kaiju?
C’est un monstre japonais, mais aussi un style de film venant du pays du Soleil Levant. Les Kaijus ne sont pas vraiment vu comme des monstres mais plus comme des phénomènes naturels contre lesquels les japonais sont plus ou moins impuissants. Le plus célèbre des Kaijus, c’est bien entendu Godzilla décliné dans de nombreux films avec des adversaires tout aussi titanesque comme Mothra.
Pacific Rim commence en août 2013. Une faille spatio-dimensionnelle s’est ouverte dans l’océan pacifique et des Kaijus ont commencé à en émerger, dévastant les zones de civilisation face à une humanité impuissante. Celle-ci lance le programme Jaeger et construit ses propres monstres mécaniques, sorte de gigantesques robots pilotés par deux individus d’exception dont le cerveau est relié par un pont neurologique.
Les premiers Kaijus sont rapidement éliminés par cette force de riposte jusqu’à l’avènement des Kaijus de catégorie 4 qui vont inverser la tendance, menant l’humanité en 2025 à la veille de la fin du monde alors que le programme Jaeger est sur le point d’être abandonné.
Voilà en quelques mots le synopsis d’un film que certains ont volontiers traiter de série Z.
Et c’est là toute la virtuosité de Guillermo Del Toro, qui, après avoir produit un ridicule Mama (je sais, c’est facile de se moquer des films à petits budgets), propose une réalisation toute en nuance et remplie de références que de nombreux geeks prendront plaisir à traquer. La première d’entre elles, la plus évidente, c’est l’hommage vibrant à Neon Genesis Evangelion et à ses Evas aussi inquiétantes que fascinantes. Si les Jaegers ne sont pas des bio-méchas, ils fonctionnent malgré tout sur un lien très intime entre les deux pilotes qui doivent dériver dans les souvenirs de l’autre pour s’accorder et contrôler de manière synchrone le gigantesque mecha. Cette idée de dérive est fabuleuse et donne naissance à des flashbacks plus vrais que nature et très bien amenés dans la structure scénaristique. Une pirouette audacieuse qui permet au réalisateur d’approfondir ses personnages en nous faisant rentrer dans leur tête.
Le réalisateur s’est aussi largement amusé avec les Kaijus, monstres terrifiants et impressionnants, rappelant furieusement quelques horreurs inspirées du mythe de Cthulhu et échappées de la lointaine et immergée cité de R’lyeh. D’ailleurs, pour parler de ces créatures, Del Toro attache un soin particulier à développer leur motivation en présentant la raison de leur venue sur Terre qui, même si elle se révèle sommaire, en fait des protagonistes à part entière plus que de simples bestioles à éliminer pour faire plaisir aux amateurs d’effets spéciaux.
Par extension, les combats se révèlent magistralement menés. Bien loin du cinéma du chaos où les scènes d’actions fouillies et ponctuées d’explosion donnent plus envie au spectateur de vomir que de s’intéresser à ce qui se passe sur l’écran, les combats entre Jaegers et Kaijus sont finement millimétrés. Chaque image a du sens, participe à l’immersion du spectateur dans l’action et à de nombreuses reprises, je me suis pris à serrer les dents d’angoisse devant un Jaeger au bord de l’explosion suite à l’assaut furieux d’un Kaiju. Le suspens est là et ça fait plaisir.
Et cette réalisation ne serait rien sans sa bande son et son thème si particulier signé par un grand qui s’est fait connaître à travers une série qui cartonne actuellement. C’est Ramin Djawadi qui avait déjà signé la bande son de Game of Thrones qui prend en main l’ambiance musicale de Pacific Rim et lui donne ce cachet impressionnant qui participe à l’intégration du spectateur dans le combat désespéré de l’humanité contre ces Kaijus démesurés. Ce compositeur sait ce que veut dire le mot « épique » !
Et les acteurs me direz-vous?
Simplement parfaits, pas un qui ressort plus que l’autre, ils sont simplement dans leur rôle, au service du scénario sans que l’un d’entre eux ne viennent écraser l’autre par son charisme. C’est finement mené avec de quoi vous distraire longuement tout en méritant d’être revu pour apprécier la beauté des images, le soin apporté aux méchas comme aux Kaijus.
Guillermo Del Toro signe un film hommage à une culture geek un peu underground qui mérite d’être mieux connus du grand public. Je regrette d’ailleurs que l’adaptation annoncée mais toujours retardée de l’oeuvre d’Howard Philips Lovecraft, Les Montagnes Hallucinées, ait finalement été annulée par des studios trop frileux…
Pour clore ce billet, le trailer pour vous encourager à aller passer un excellent moment au cinéma: