Je vais encore râler, je préfère vous prévenir, par égard pour vos yeux et vos oreilles et ça ne concerne pas cette fois-ci les love coachs et autres sites de rencontres sur lesquels j’ai déjà amplement bavé mais plutôt sur les fuck/sex coachs qui, à grand renfort de conseils, vont vous permettre de devenir le meilleur coup de la terre parce que c’est bien connu, c’est à cela que l’on reconnait une bonne personne…

Ma source, vous vous en doutez, c’est sexactu, très bon blog que je parcours avec grand plaisir. Bon là, les liens partagés ont brisé mes illusions de créature pure et asexuée !

On découvre ainsi sur le site de FrenchtouchSeduction des guides vous proposant d’apprendre à bien faire l’amour ! Rien que le terme me fait bondir…

Et vous allez en avoir pour votre argent (parce que forcément pour des conseils de qualité il faut payer) avec pas moins de 267 points pour devenir un dieu du sexe (sic).

Peut-être suis-je une fois de plus à côté de la plaque et que je considère que justement, l’intimité sexuelle, c’est avant tout une question de sensualité partagée avec l’autre, d’écoute et de compréhension. A moins bien sûr que ce soit le guide idéal pour être le coup de l’année et « consommer » à tous les coups à chaque sortie en boite…

Bon là aussi, je suis has-been et j’ai manqué une étape : ce doit être l’aspect marketing de la séduction appliqué au sexe qui doit me rester coincé quelque part. Bien entendu si ces multiples conseils ne suffisent pas, vous pourrez éventuellement vous rabattre sur le guide ultime du cunnilingus parfait et les « how to » consacrés en vrac à la jouissance féminine, la sodomie et bien entendu la découverte du point G…

L’avantage, c’est qu’une fois tous ces conseils assimilés, vous êtes la sex machine que toute femme voudra… ou pas… Quoiqu’un sextoy puisse intéresser certaines personnes dans une optique de pure consommation.

Hormis cela, j’ai l’impression que l’on passe largement à côté d’un point important en voulant donner des conseils pour automatiser la sexualité en oubliant que d’une personne à une autre la sensualité comme la sexualité sont totalement différentes, hors de cette norme qui nous met la pression du résultat jusque dans notre chambre à coucher.

Ironie du sort, les femmes ont droit également à leur site dédié Séduire un homme, qui annonce clairement la couleur dès le départ en promettant d’offrir les meilleurs conseils pour garder l’homme que vous aurez séduit, mesdames. Bien entendu, les guides foisonnent dont le fabuleux 258 conseils pour garder un homme grâce au sexe.

Donc pour synthétiser ces deux sites, les hommes sont des « bites » sur pattes et les femmes des « vagins constrictors » à remplir.

Vision, somme toute, assez sexiste des hommes comme des femmes en les cantonnant dans des clichés effrayants mais au final remarquablement rassurant pour qui veut catégoriser les individus jusque dans leur intimité.

Cela m’amène à une autre de mes lectures de la semaine. Louis-Georges Tin, Maître de conférences à l’IUFM-Orléans et enseignant à l’EHESS écrit  avec justesse sur l’invention de l’hétérosexualité comme norme dans nos sociétés. En quelques mots, il explique que nous évoluons dans une culture hétérosexuelle qui ne se veut en rien être une vérité sociétale universelle. Il s’agit d’une représentation parmi tant d’autres qui a petit à petit gagné les esprits de toutes et tous dans nos civilisations grâce à l’influence religieuse, la culture mais également la place prépondérante de la notion de famille dans nos espaces sociaux.

Ce billet décrit à merveille les ravages d’une sexualité normée et conditionnée par une pression sociale omniprésente, bien loin des considérations évidentes que l’hétérosexualité se veut avant tout basée sur la reproduction et la survie de l’espèce et non pas comme une orientation sexuelle obligatoire et définitive dans nos existences. Les deux guides cités en début de billet ne sont au final que des émanations de ce déterminisme sexuel, hideux qui brise les individus, les entrave dans leur développement personnel et les relègue à un genre qui n’a pas forcément à voir avec ce qu’ils ressentent et veulent vivre vraiment.

Et fatalement, ça me gonfle de constater que des sites conditionnent les individus en leur imposant une fois de plus un véritable marketing de la sexualité tel que chacun doit la vivre…

En attendant, pour reprendre le titre du billet (qui est abusé, j’en conviens), je vous propose de balancer un bon gros Foxtrot Uniform Charlie Kilo avec Bloodhound Gang parce que j’aime bien leur côté provoc’ évident. (Ne cherchez pas, aucun lien avec le reste du billet hormis éventuellement l’acronyme ou les quelques allusions sexuelles qui traînent…)

Tant que vous y êtes, après tout ce que l’on s’est dit, il est également peut être temps de parler de vos addictions aux EMO?