Vous ne le savez sans doute pas mais cette semaine va être la semaine du zombie sur Digital Wanderer avec la sortie mercredi du cinquième volet de la saga Resident Evil au cinéma. Pour la peine, j’ai voulu rattraper mon retard la semaine dernière en rebalayant l’intégralité de la série, n’ayant à ma grande honte, vu que le premier volet.

Un petit débrief s’impose car contrairement à ce que je pensais, les films, malgré de gros clichés, ne manquent pas de qualité et cela grâce à l’excellent Paul W.S. Anderson à qui l’on doit Event Horizon, un de mes films cultes (oui, j’aime les films de SF de série B et j’assume 😉 ).

En effet, les quatre films bénéficient du même scénariste (Anderson), ce qui contribue à donner une véritable continuité entre chaque épisode et une cohérence accrue dans cet univers qui se désagrège petit à petit face à la menace zombie qui ne cesse de croitre malgré les efforts déployés par les survivants pour endiguer la horde mort vivante.

Resident Evil, premier du nom, propose aux spectateurs de rentrer dans les prémisses du développement du virus, dans l’enceinte du manoir abritant le laboratoire, The Hive, où le fameux virus T est conçu. Ce volet est tout simplement excellent puisqu’il pose les bases du jeu vidéo dont il est inspiré. La propagation du virus, l’équipe d’intervention spéciale, les zombies proprement effrayants, la contamination des survivants et surtout des personnages féminins mis en avant non pas en les sexualisant mais en les intégrant dans la survie, en leur donnant le pouvoir de décision et la force d’aller de l’avant. Même si Milla Jovovitch n’est pas forcément la meilleure actrice au monde, son personnage d’Alice qu’elle va assurer de 2002 à maintenant va gagner en crédibilité et en profondeur et ce dès le premier épisode de la saga.
Que dire sinon que cet opus pose les règles de Resident Evil avec la contamination systématique d’un des membres du groupe (qu’il va falloir tuer, forcément, c’est convenu mais personne ne s’y résout et finalement ce contaminé devient définitivement un problème risquant de causer la mort de tout le groupe). C’est également le passage obligatoire du combat contre les chiens zombie, rencontre clé des jeux de Capcom et mis en scène de manière très dynamique par Paul W.S. Anderson. Et pour clore le chapitre, il y a fatalement l’affrontement avec le boss final, véritable incarnation du virus T boostée aux stéroïdes. Monstrueux et bien loin des zombies à l’aspect trop humain pour rassurer. La mise à mort de ce monstre est le catharsis éloignant la menace de la contamination et ramenant les deux survivants dans le réel rassurant et routinier…

Et le lien se fait naturellement à la fin du film avec sa suite à travers le nom de code Projet Nemesis

Ce huis clos angoissant va à présent s’étaler sur la ville de Raccoon City, infectée à son tour par le virus T suite à une énième « erreur » humaine. Dans Resident Evil: Apocalypse, Alice se découvre des pouvoirs extraordinaires suite à la manipulation de son code génétique par les scientifiques d’Umbrella Corporation. Le Nemesis sera également de la partie et jouera le rôle de big boss de fin de film. A noter que les S.T.A.R.S feront leur apparition. Cette force armée de Raccoon City est composée d’élites et entre autre de Jill Valentine, autre personnage féminin fort de la série, qui joindra ses forces à Alice pour combattre la pandémie. Même si Anderson n’est plus qu’à l’écriture du scénario, l’on sent sa patte à travers des scènes rappelant furieusement le premier épisode, véritable marque de fabrique de la licence.
La propagation du virus est moins mise en avant, la réalisation s’attelant bien plus à démontrer à quel point Umbrella Corporation se soucie peu des vies humaines et cherche avant tout à assouvir sa soif de test de ses trouvailles militaires.

Comme dans le premier opus, Alice et son équipe parviendront à défaire ses adversaires. La victoire est en teinte de gris pourtant puisque l’héroïne sera laissée pour morte avant d’être ranimée par Umbrella, qui souhaite l’étudier sous toutes ses coutures. Elle parviendra à s’évader, néanmoins, avec l’impression que rien n’est véritablement terminé…

Resident Evil: Extinction embraye là-dessus et se déroule quelques années plus tard. La pandémie s’est répandue sur toute la planète. Vous remarquerez qu’à mesure que l’intrigue avance, le terrain de jeu s’ouvre de plus en plus. D’un laboratoire, on passe à une ville puis finalement aux badlands américains que les survivants sillonnent en esquivant les zombies et en cherchant d’autres humains non infectés. Anderson reste une fois de plus à l’écriture mais nous livre un volet rempli de trouvailles intéressantes. Rassurez-vous, on retrouve les chiens zombies, le contaminé qui dit rien mais qui fait massacrer le reste du groupe, le boss de fin monstrueux. En revanche, plus vraiment de contamination, les zombies devenant moins inquiétants, plus monstrueux, définitivement moins humains.

Ce troisième opus apporte, par ailleurs, une scène d’anthologie, empruntée à des classiques que je ne nommerai pas mais que tout le monde connait. Le convoi des survivants est soudain entouré de dizaines de milliers de corbeaux infectés par le virus T. Et les volatiles pleuvent sur les survivants, véritable masse en furie souhaitant infectés les humains encore sains. La scène est proprement fabuleuse.

Alice développe des pouvoirs liés à la manipulation de son ADN, découvre qu’elle a été clonée par Umbrella Corporation. L’utilisation des clones par la société a quelque chose d’effrayant et rappelle avec un certain malaise l’instrumentalisation du corps de la femme. Les clones sont massacrés, leur cadavre abandonné à l’air libre, utilisés pour satisfaire la « soif » scientifique de la corporation. Les images sont fortes et choquantes en un sens…

Un nouveau personnage féminin puissant est également introduit: Claire Redfield qui mène les survivants avec résolution, qui doute néanmoins car le convoi s’étiole à mesure que le temps passe. Extinction, c’est aussi la première apparition du méchant des méchants de la saga vidéoludique: Albert Wesker dans le rôle de président d’Umbrella Corporation. Son personnage sera plus amplement développé dans le quatrième film.

Resident Evil: Afterlife est définitivement le film d’Albert Wesker. Alice a récupéré le contrôle de ses clones et se lance avec eux à l’assaut d’un des centres d’Umbrella Corporation enterré sous Tokyo. Le film commence par une scène d’action brutale, efficace où l’on découvre un Wesker étonnamment réactif: il est boosté au virus T, son code génétique a été modifié comme celui d’Alice, bref, c’est le miroir monstrueux de l’héroïne.

Cet entremet passé, le film va emmener le spectateur à la recherche d’Arcadia, terre promise évoquée dans le troisième film. Il n’y aurait aucun infecté et les survivants pourraient s’y regrouper en tout sécurité. Dans son périple, Alice retrouvera une Claire Redfield amnésique, ainsi que Chris Redfield, son frère. Les zombies ne sont définitivement plus du tout effrayant, l’aspect contamination ayant été évacué purement et simplement pour laisser place à du FPS de zombie. Reste néanmoins l’effrayant bourreau, sorte de boss de mi niveau qui sera défait par les efforts concertés de Claire et d’Alice.

La réalisation s’achèvera par l’affrontement avec Wesker, un combat très chorégraphique où le mutant à la tête d’Umbrella se débarrassera sans effort de Claire et de Chris avant d’être victime de la fureur vengeresse d’Alice. Bien entendu, ce big boss de fin de niveau n’est pas vraiment mort et va revenir hanter Alice dans le volet prochain qui sort mercredi.

La saga Resident Evil a de grandes qualités malgré une évolution du zombie qui me désole un peu. Au départ, véritable menace, source de contamination immédiate et dangereuse, il devient peu à peu une simple cible dans un jeu de tir à la troisième personne. C’est un peu dommage mais cela reflète le désir de Paul W.S. Anderson de se consacrer au développement de ses personnages principaux.

Alice est d’ailleurs assez surprenante puisque son genre est rapidement délaissé pour se concentrer uniquement sur l’individu. Ce n’est ni une femme, ni un homme mais un être humain autonome qui combat pour sa survie, qui ne se démonte pas face aux hommes, qui se révèle plus volontaire, plus courageuse et dont on ne remet pas en cause la parole parce que c’est une femme. Jill Valentine dans le second volet, Claire Redfield dans le troisième et quatrième, ont des caractères similaires. Elles agissent, ne se laissent pas dépasser par les évènements et sont rarement sur le pathos. Ce ne sont pas des princesses, ce ne sont pas des femmes stéréotypées selon leur apparence. C’est somme toute une grosse avancée, à mes yeux, dans le positionnement de la femme au cinéma. Dommage, en revanche, que ce soit encore dans des films d’action.

Pour clore ce billet, je vous laisse en compagnie du trailer du cinquième épisode:

Vivement mercredi!