Déjà deux billets que je vous accable avec Resident Evil et après les films et une composition musicale autour d’un des films, je pense que cela vaut le coup de se poser la question de ce que représente ce zombie tant craint tout au long de la saga vidéoludique comme cinématographique. Je ne vais pas vous reprendre point par point l’excellente page Wikipedia sur la bête. Je vous laisse la parcourir à votre gré plutôt pour m’attarder sur les symboles que le zombie véhicule dans nos sociétés occidentales, ne serait-ce qu’à travers les jeux vidéo et le cinéma. Cela ne reste bien entendu qu’un avis que vous pouvez largement commenté et corrigé si vous n’êtes pas d’accord 😉

Pour tout joueur de jeu de rôle, le zombie reste à la base un mort vivant dépourvu de volonté ramené à la vie par un puissant nécromancien qui va lâcher la horde zombifiée sur les pauvres héros passant par là. L’on retrouve le côté monstrueux de la bête sans son aspect humain et surtout sans son côté viral développé dans nos histoires contemporaines. Le zombie reste dans cet environnement juste une cible à dégommer à peine plus humaine, qui rappelle sans nul doute les monstres rencontrés dans certains FPS.

Le zombie qui m’intéresse est bien plus pervers et inquiétant et reflète nos désirs, nos rêves, nos craintes mais également nos pires déviances. Pour tout zombie que ce soit dans Resident Evil, 28 jours plus tard ou bien le magnifique Planète Terreur, il y a contamination par un virus et cela nous renvoie à cette peur que nous expérimentons ces dernières années, cette terreur de la pandémie alors que la population croit, que les villes se transforment de plus en plus en fourmilières géantes où la moindre contamination peut prendre des allures de catastrophe. Les différentes MST, dont le SIDA, ne font que renforcer cette sensation d’insécurité et le zombie « virale » n’est que la personnification de cette peur, un moyen sans doute de l’exorciser tout en gardant en tête que le risque est toujours là. Et ne parlons pas de la psychose récente sur la grippe H1N1.

Cette contamination, on la découvre avec 28 semaines plus tard, où un homme, amoureux, torturé d’avoir lâchement abandonné son épouse va l’embrasser alors qu’elle est porteuse saine du virus.

La contamination est effroyable, la scène très forte, porteuse d’une symbolique évidente sur ce que représente le baiser en lui-même, ce lâcher prise, cette entrée dans la sphère intime de cet autre que l’on ne connait pas toujours totalement… (Ce qui ne fait que me rappeler le billet d’Agnès Giard sur Les 400 culs, allez savoir pourquoi…)

Et ce plongeon est un pied de nez au contrôle total puisque le zombie représente cette perte de contrôle dans une société où ne pas être un minimum « control freak », c’est laisser à autrui le soin de gouverner sa vie, même si dans l’absolu que l’on soit « control freak » ou pas, nous n’avons pas tant de prise sur nos vies quoiqu’on en pense mais là n’est pas le débat. Le zombie se débarrasse du regard social, s’abstient de toute limite et se laisse uniquement guider par ses instincts primaires sans se préoccuper de ce que l’on pourra en penser.

Le zombie, c’est une faim dévorante, une horde de dents et de griffes venue se sustenter de la norme, de manière aveugle, sans aucune discrimination, le pauvre, le riche, le fort, le faible. Et le zombie a quelque chose de jouissif dans un monde où chacun de nos faits et gestes est enregistré, disséqué, analysé et bien entendu jugé. C’est un bouleversement mais aussi la crainte ultime de dévoiler toutes nos déviances fermement enterrées sous des auto-conditionnements. Le zombie n’a de fait pas de genre, pas de sexualité véritable, rien de plus qu’un grand vide à combler en dévorant, en contaminant ceux qui sont encore humains et n’attendent que de rejoindre la horde affamée.

Je parle de faim et le zombie la personnifie parfaitement sous l’angle consommateurs puisque nous restons avant tout des zombies de la consommation malgré l’illusion du choix que nous donnent les divas du marketing. Nous sommes parce que nous consommons et ce de manière frénétique et sans discontinuer. Consommation de l’information, consommation alimentaire, consommation sexuelle, autant de domaines où tout va à cent à l’heure, où les zombies que nous sommes devenus avalent tout sans jamais remettre en question ceux qui nous gavent. Et là, nous ne pouvons parler de de zombies enchainés puisque la faim est maitrisée par une nourriture distillée avec une infinie précaution: garder la bête affamée suffisamment pour qu’elle réclame sans jamais la laisser trop longtemps sans de quoi se sustenter de peur qu’elle brise ses chaines et dévore la main qui la nourrit. Dans cette configuration, le zombie et sa faim tant jubilatoire qu’expiatoire ont perdu.

Or, le zombie n’est pas forcément mauvais, de fait, il ne mérite pas vraiment d’être enchainé, tout au plus d’être détruit pour pouvoir reposer en paix. Sans vouloir faire l’apologie du zombie, je ne pourrais que vous encourager à aller parcourir ce billet de Lionel Maurel paru sur OWNI qui va vous en apprendre de belle sur la créature et surtout sur la chance que nous avons de pouvoir la connaitre telle qu’elle existe actuellement. Également, ce podcast de France InterMaxime Coulombe vient présenter sa petite philosophie du zombie (qu’il faut que je me procure de toute urgence!)

Et si les zombies vous captivent, n’hésitez pas également à découvrir le fabuleux Biomega, manga post-apocalyptique avec des drones très proches de nos zombies actuels.