L’occupation de l’espace par les femmes et surtout la manière par laquelle les hommes sont éduqués pour confisquer cet espace au nom d’une domination exécrable, voilà le sujet de cet excellent billet provenant du blog d’Antisexisme. C’est également pour moi une source de réflexion liée à l’espace numérique occupée par les femmes sur les réseaux sociaux, du moins sur tout espace à vocation sociale pouvant générer des interactions avec les hommes, qui ne soient ni à caractère amoureux ou ni sexuel.

Et le constat, basé sur mes « éminentes » observations, mais aussi sur des témoignages recueillis auprès d’ami(e)s est remarquablement consternant. Les femmes ne peuvent pas s’afficher telles qu’elles le désirent réellement sur ces espaces sous peine d’être « harcelées » par des mâles remarquablement rustres qui pourront prendre une photo « jolie » comme un appel à une relation amoureuse ou sexuelle.

Comme si le simple fait de se présenter sous son meilleur jour, ou le simple fait de marquer « célibataire » dans la case dédiée du profil revenait à annoncer au monde entier que l’on ait disponible pour une relation dépassant l’amitié ou le professionnel.
Non, ne vous marrez pas, vous pouvez également vous faire draguer sur des réseaux sociaux à vocation professionnelle comme LinkedIn ou Viadeo.

Autant dans l’espace physique que dans l’espace virtuel, une femme ne peut être elle-même et doit se brider dans la représentation qu’elle donne au monde si elle ne veut pas crouler sous les demandes constantes « d’amitié » de personnes inconnues. Autant pour un homme, cela ne sera pas un problème de mettre à disposition des photos que l’on pourrait qualifier de sexy, autant pour une femme, un simple décolleté, une robe un tant soit peu échancrée ou un maquillage soignée attirera immanquablement une horde d’hommes avides de déverser des compliments à vertu manipulatrice, espérant générer l’interaction tant désirée avec cette femme qu’ils considèrent sans nul doute comme « facile » car osant se mettre en valeur sur la place publique virtuelle.

Ne parlons même pas de la file d’attente se profilant lorsqu’une femme passe du statut « en couple » à « célibataire ».
Étonnant comme un vide qui peut être voulu appelle certains à vouloir le combler alors qu’au fond la personne ne désire sûrement au final que la paix.

De quoi dégoûter profondément les femmes d’interagir sur des sites qui ne sont pas des espaces dédiés à la rencontre amoureuse ou sexuel mais qui sont pourtant perçus comme tels par des mâles au regard sale.
De fait, posez-vous la question du pourquoi du comment de ces profils vides, sans photos, remplis du minimum syndical, tout simplement parce que divulguer plus d’informations revient à s’exhiber face à une assemblée de voyeurs capables des messages les plus outranciers pour peu que vous correspondiez à leurs critères sexistes de femme, objet de leurs fantasmes.

Il suffit simplement de voir le nombre de « likes » que peut récolter une photo avantageuse publiée par une femme pour se rendre compte de l’énormité de la chose, y compris parmi ces amis que vous pensiez en tout point propres et emplis de bienveillance à votre égard.
Bon, je grossis peut être un peu le trait mais nous sommes assez proches de la réalité.

Petit détail amusant: la quantité de ces mâles désireux de nouer des relations bien loin d’être amicales avec des femmes qui se laissent piéger par de vils scammeurs usant de photos de jeunes femmes sexys pour se faire accepter dans les listes de contacts de leurs futures victimes. Les hommes s’y laissent prendre, semble-t-il, bien plus facilement, ce qui souligne une fois de plus le caractère un petit peu basique et sexiste de certains utilisateurs de réseaux sociaux sur lesquels ils espèrent secrétement trouver de la « viande fraiche ».

Le terme est remarquablement outrancier mais pourtant en rapport avec ces regards pour le moins dérangeants portés par les utilisateurs sur les profils féminins. Imaginez donc ce que cela peut donner sur des sites dédiés rencontres amoureuses ou sexuelles.

De fait, il est dramatique de constater que l’insécurité ressentie dans les espaces publics physiques se retranscrit également dans l’espace virtuel en obligeant les femmes à se protéger bien plus que les hommes, leurs propos écrits pouvant être également interprétés à tort par certains de leur contact. Souvenez-vous du « non » qui veut dire « oui » selon certains hommes dans la réalité et qui conduit à un viol. Imaginez donc la même situation en virtuel distordu par les médias sociaux ou les messageries instantanées et vous obtenez le même risque d’agression de la part d’hommes ne comprenant pas qu’un refus n’est pas une acceptation.

Fréquentant depuis un an un site de rencontres affichées comme amicales (si si, je vous assure, c’est spécifié en gros, en gras et vous ne pouvez le manquer), j’ai été estomaqué par les témoignages de contact me rapportant les messages étranges adressés par certains hommes ayant confondus un espace de socialisation amicale avec un site de rencontres type Meetic. Bien entendu, s’assumer en mettant une photo, en renseignant sa situation amoureuse revient à se voir noyer sous des propositions diverses et variées. A remarquer que les hommes ne reçoivent pas ce genre de demandes mais que certains trouvent d’une finesse extraordinaire que de donner des conseils très « avisés » pour expliquer comment « chasser » (je ne vois pas d’autres termes, tant les techniques décrites ressemble à ce que je dénonçais dans ce billet).
Étonnant, non?

Dans ce cadre, je me pose la question de savoir comment une femme peut s’épanouir sereinement dans des environnements saturés d’hommes dont l’objectif est l’occupation de l’espace numérique à des fins sexuelles (qui sont d’ailleurs camouflées par moment sous des artifices à peine honnêtes…), souvent éloignés des objectifs affichés de sites dédiés à l’interaction sociale…