Archive for octobre, 2013


Android Netrunner: Le Monde pour Ennemi

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Netrunner: Omni-driveby Jumpei
Digital Art / Drawings & Paintings / Sci-Fi©2013 Jumpei

Si j’ai mis du temps à finaliser l’intégrale d’Ex Nihilo, c’est parce que j’ai été accaparé durant tout le mois de septembre par un projet secret pour lequel on m’avait mandaté.
Android: Netrunner et sa version française ayant pris leur essor il y a quelques mois, les joueurs ont commencé à s’agiter aux quatre coins de la France et Melchisadech, le sympathique SysOp de la ville d’Angers (un SysOp est un organisateur dans le milieu Android: Netrunner) m’a proposé d’écrire une nouvelle inédite qui serait offerte en lot au vainqueur du tournoi régional Grand Ouest qui a eu lieu ce samedi 19 octobre dernier (et auquel votre serviteur a participé 🙂 )

Je n’avais que quelques impératifs sur mon cahier des charges, ce qui m’a laissé pas mal de libertés et, du coup, donner envie de pondre une nouvelle pouvant mêler à la fois l’univers du jeu mais également mon goût pour le cyberpunk.

Les critères étaient les suivants:

  • que le runner (hacker), héros de cette histoire ait été en contact/formé par Ji « Noise » Reilly, un célèbre hacker anarch de l’univers.
  • que l’opposant principal du héros soit la tentaculaire et inquiétante méga-corporation, Weyland Consortium.
  • que la nouvelle fasse au minimum 8 pages.
  • le nom du héros serait remplacé par le  nom du vainqueur. De fait, je l’ai nommé en version original John Doe 😛

Pour le reste, j’avais entièrement carte blanche.

La relecture a été assurée une fois de plus par Keela (qui n’a pas manqué de me faire remarquer que j’ai une tendance au limite de la psychopathie à martyriser ma pauvre touche « espace » ^_^ ).
Merci à elle, encore une fois, pour sa disponibilité à me relire et à me corriger.

La voici donc en téléchargement gratuit et intégral sous le format qui vous conviendra le mieux 🙂

Le Monde pour Ennemi en format ebook pdf

Le Monde pour Ennemi en format ebook EPUB (pour liseuse, smartphone, tablette…)

Le Monde pour Ennemi en format ebook mobipocket (liseuse kindle)

Le Monde pour Ennemi en lecture directe sur le site.

Bonne lecture!

Focus Bouquin #14: Mona Lisa s’éclate

mona_lisa_s_eclateAprès m’être complètement immergé dans Neuromancien et Comte Zéro, je ne pouvais qu’achever mon voyage au  coeur de la Conurb avec Mona Lisa s’éclate, volet final de cette  saga de saint William Gibson (oui, lui aussi, je le révère à présent 😛 ).

Pour celles et ceux qui dorment près du radiateur, rappelons que c’est l’auteur qui a donné naissance au terme cyberespace largement utilisé de nos jours ainsi qu’à tout un tas de petits mots qui font que le cyberpunk est ce qu’il est aujourd’hui en 2013 (je pense entre autre au terme ICE que l’on retrouve un peut partout et pas seulement dans Android: Netrunner).

Alors de quoi ça parle Mona Lisa s’éclate?

Comme pour le précédent volume, Gibson adopte le choix d’une narration à travers les points de vue de trois personnages bien distincts. Trois destinées qui vont se rejoindre invariablement dans les derniers chapitres pour un final époustouflant.

La première de ces personnalités, c’est Henry, un bricoleur, voleur de voiture repenti malgré lui (on va dire torturé par l’Etat d’une manière bien particulière que je ne vous dévoilerais pas), qui s’est réfugié dans un usine au milieu d’un désert désolé. Pour passer le temps et soigner ses fréquentes pertes de mémoire, il bricole à longueur de temps de machines auxquelles il donne des noms terrifiants: la sorcière, le juge…
Son existence jusqu’alors tranquille va basculer lorsqu’un de ses contacts va lui larguer le corps inanimé du mystérieux Comte Zéro. Celui-ci est raccordé  à une étrange machine…

Le second personnage à être introduit est Kumiko, une jeune femme japonaise, fille d’un chef Yakuza, qui, pour la protéger des représailles éventuelles de ses rivaux, l’envoie à Londres sous la protection d’un de ses obligés. Elle y fera la connaissance de la mystérieuse Sally Shears, garde du corps impitoyable aux doigts dissimulant des rasoirs et aux yeux miroirs (Toute ressemblance avec Molly dans Neuromancien serait purement fortuite, vous vous en doutez ^_^ ).

Le dernier personnage à être présenté, c’est Mona, une prostituée totalement paumée, droguée qui cherche à s’en sortir au côté d’un petit copain incapable de faire autre chose que de se fourrer dans des plans foireux. Sa ressemblance troublante avec une star de SimStim, Angela Mitchell, la projettera en plein milieu d’une lutte occulte dont elle ne soupçonnait pas l’existence.

Confus, n’est ce pas?

C’est sans doute le seul reproche que l’on pourrait faire à Gibson. Mais c’est aussi la force de son récit que de mener trois histoires de front et d’amener peu à peu ces destins apparemment parallèles à se croiser pour se mêler en une fin qui laisse le lecteur pantelant mais heureux.

Si vous avez lu les deux précédents opus, la lecture n’en sera que plus fluide et surtout, vous aurez plaisir à retrouver des personnages croisés précédemment. Un véritable délice de voir comment ils ont évolué au fil du temps puisque Mona Lisa s’éclate se déroule quinze ans après Neuromancien et huit ans après Comte Zéro.

L’écriture de Gibson conserve  son aspect sensuel avec des descriptions très détaillées permettant une immersion totale au cœur de son univers à travers les sens de chacun de ses protagonistes. J’ajouterais que cette osmose avec les personnages est d’autant plus aisé dans ce dernier volume, la relation plus sensible.

L’auteur construit également des personnages toujours aussi puissants avec cette sensation diffuse mais tenace que les hommes sont toujours aussi faibles et faillibles face à des femmes toujours plus volontaires et désireuses de s’en sortir là où les figures habituellement viriles des hommes s’effondrent devant un monde où la technologie aliène progressivement les êtres humains.

Molly, Kumiko, Angela et même Mona se battent tout au long du récit pour vivre et survivre là où le Comte Zéro a choisi de fuir la réalité dans le cyberespace, là où un Henry, sous couvert de son trauma, se réfugie dans un hangar pour construire des monstres mécaniques. A nouveau, le mâle de base paraît bien faible et les personnages féminins font preuve d’une détermination évidente sans se soucier un seul instant de ce que peuvent penser ces mâles affaiblis.

De fait, j’en viens définitivement à me poser des questions sur les orientations idéologiques de Gibson: était-ce voulu de sa part de faire un tel empowerment féminin ou bien est-ce un accident de création?

En tout cas, le résultat est on ne peut plus réaliste avec des personnages entiers aussi bien dans leurs forces que leurs faiblesses, en cohérence totale avec cet univers dystopique de la conurb.

Ajoutons également que des questions n’ont cessé de m’assaillir durant la lecture, interrogations amenées avec talent par Gibson sur notre rapport à l’univers virtuel, à ces machines auxquelles nous abandonnons volontiers notre libre arbitre et à la peur potentielle de voir se développer des Intelligences Artificielles capables de se substituer complètement à la capacité de décision de l’être humain. Des questions toujours d’actualité et remises dans le contexte des années 80, remarquablement visionnaires sur ce que nous vivons actuellement dans les rapports que nous entretenons avec le web 2.0 toujours plus interactif, immersif et invasif.

Si je n’ai pas manqué de vous recommander les précédents, je ne peux  que vous encourager à achever le voyage par ce dernier livre. Aussi l’occasion d’écouter en parallèle Mona Lisa Overdrive, le thème musical issu de la trilogie Matrix, vibrant hommage à l’œuvre de William Gibson

Humeur musicale #27: Yoshu Fukushu

Yoshu_FukushuSouvenez-vous de ce groupe on ne peut plus discret dont je vous parlais dans ce From Japan. Rappelez vous ces vocalises simples et distinguées que vous avez découvertes dans ce générique  de Death Note, l’animé (je décline tout pétage intempestif de tympans 😛 )

Vous resituez?

Maximum The Hormone est de retour après un silence de six ans suite à la sortie de leur dernier album Bu-ikikaesu (excellentissime au demeurant). Ils nous reviennent tous les quatre avec leur bonne humeur, leurs compositions très speed et leur rage à fleur de peau pour ce sixième album, Yoshu Fukushu, sorti tout récemment le 31 juillet dernier.

Et c’est une tuerie comme on pouvait s’y attendre.
Quinze pistes prenantes dont certaines que je vais vous détailler, clip(s) à l’appui.

La chanson éponyme à l’album est on ne peut plus dynamique avec son lot de surprise qui font que Maximum The Hormone attire l’oreille grâce à ses décrochés déroutants, à ses chants travaillés et cette synergie qui rend le groupe si attachant.

Et visuellement, c’est simplement somptueux, très raccord avec l’ensemble à fois agressif et mélancolique, empreint d’une nostalgie presque macabre.

Impressionnant, n’est ce pas?

Pour compléter l’expérience, j’ai déniché ce billet qui offre une traduction en anglais des lyrics de la chanson (hélas, je ne parle toujours pas japonais couramment) et donne un éclairage sur le thème de la chanson, à savoir l’évocation des meilleurs et des pires moments de la vie d’un lycéen japonais.

Cette introduction a de quoi réveiller les morts et les pistes qui suivent ne trahissent pas ce préambule.

Autre extrait de l’album bénéficiant d’un clip de toute beauté, il s’agit de la dixième piste, A.L.I.E.N.

Une intro puissante, un stage où n’importe quel fan aurait aimé être pour participer à ce pogo endiablé et surtout des variations de ton qui donne en milieu/fin de chanson un bon moment WTF typique de Maximum The Hormone, qui montre une fois de plus qu’ils ne se prennent pas du tout au sérieux (bon, j’avoue, ils ont aussi une forte tendance à troller les autres courants musicaux).

A propos de troll, vous souvenez-vous de cette piste?

Vos oreilles devraient commencer à saigner à 2 minutes si vous n’êtes pas mort avant.
Cette intro pop a été retirée de cette quatorzième piste pour ne garder que la quintessence de la poésie de la composition. Je l’ai déjà dit: cette chanson est puissante, porte en elle un côté mystique, cyclique, hypnotique à souhait. L’impression persiste avec l’image associée : l’on se retrouve plongé dans un chant chamanique complexe et envoûtant. Bref, un délice à déguster en attendant la piste finale, Koi no Sperm pour lequel le groupe nous fait cadeau d’une séquence très « humaine » puisque pour le coup, les quatre membres sont là et s’amusent tout simplement, naturellement sans presque aucun effet spécial:

Pour le coup, le son est assez dégueulasse.
Heureusement, ce n’est pas le cas sur la piste de l’album. Rarement un final d’album ne m’avait autant donné le sourire tant on s’éclate à écouter cette piste. L’envie de sauter sur place, de joie, tout simplement en attendant que le lecteur mp3 reboucle pour réécouter cet album mirifique.

Parce que ce ne sont que quatre pistes sur les quinze que représente Yoshu Fukushu et je ne peux que vous recommander de vous procurer l’album de toute urgence, ne serait-ce que pour découvrir avec quels talents ces quatre musiciens parviennent à faire fusionner des styles qui peuvent paraître très éloignés les uns des autres.

Un coup de cœur de fin d’année, revigorant à souhait!

Une seule question subsiste: quand revenez-vous en France, MTH? 🙂

LOLCAT-gameParfois, il me vient des réflexions étranges.
Et d’autres fois,  ces réflexions sont alimentées par une discussion avec d’autres personnes et pour le coup, (allez je te cite :P) Noda, je ne te remercie pas (en fait si ^_^ ) parce que j’ai envie de partager avec vous ces élucubrations autour du jeu de société en général. Je ne parlerais pas de jeux vidéos ou autre mmorpg même si je pense que des similitudes peuvent être trouvées en adoptant une grille de lecture similaire.

Avant toute chose, je vais débuter par un disclaimer, ne serait-ce que pour éviter les éventuels trolls qui pourraient traîner sur les Internets à la recherche d’une faille dans mon raisonnement. D’ores et déjà, c’est du vécu, tiré de mon expérience de joueur, des analyses faites à partir de faits observés qui ne sont ni scientifiques, ni basés sur une quelconque étude sourcée. Il y a sans doute du ressenti, vraisemblablement des a-priori de ma part tirés de mon propre référentiel de vie. A prendre avec des pincettes bien que l’objectif avoué soit de générer de la discussion et de ne pas rester figé sur l’idée que ce serait la très sainte vérité avec un grand V.

Vous y êtes?

Alors c’est parti.
Cette analyse se veut avant tout comme une classification des jeux pour mieux comprendre pourquoi quel typologie de joueurs/joueuses adhère plus facilement à tel ou tel jeu. De cette discussion avec mon compère Noda a jailli quatre grandes familles que j’ai eu en tête de répartir en pyramide, non pas pour dire qu’un type de jeu est meilleur qu’un autre mais plutôt pour faire une gradation dans le degré d’accessibilité du type de jeu. Vous allez comprendre.

La première famille de jeux est composé de ce qu’on appelle communément Party Games ou Apéri Games.
Cela regroupe des jeux tels que les Loup-garous de Thiercelieux, Time’s Up ou tout jeu permettant de développer un fort lien social sans avoir à se prendre la tête sur des règles complexes. Ces jeux favorisent la rejouabilité et se préoccupent moins du skill des participants que de leur plaisir à sociabiliser. Il faut le dire: les techniciens s’emmerdent souvent royalement dans ce type d’environnement car le facteur chaos est souvent omniprésent, ce qui peut parfois frustrer les plus fins stratèges. Avouons-le: ce n’est pas non plus le but de ce type de jeux qui se veulent simples de prise en main.

La seconde famille regroupe essentiellement les jeux de plateaux et ce regroupement est à mon sens plus complexes à analyser puisque certains jeux de plateau sont souvent plus simples d’accès que d’autres. Dans l’absolu, le temps demandé pour une partie de ces jeux ainsi que des règles plus complexes rendent l’accès moins aisé à la plupart et les party gamers très très occasionnels risquent de ressentir un décalage avec celles et ceux qui sont habitués des mécaniques inhérentes aux jeux de plateau. Dans ces jeux de plateau, vous allez trouver de l’améritrash à la Chaos dans le Vieux Monde (en gros, on lance des dés, on se marre, et le hasard est très présent) aussi bien que du kubenbois à l’allemande comme Agricola où le hasard est presque absent. Nous rentrons donc dans une famille bâtarde, les deux types se considérant « funs » mais souvent incompris par les party gamers purs et durs qui ont du mal à saisir l’intérêt de passer 2 à 4h autour d’une table à faire frire son cerveau.
Car il faut l’avouer, un jeu de plateau, c’est souvent une règle assez conséquente à absorber sans compter le temps demandé pour s’y mettre. Des jeux de cartes pas à collectionner rejoignent également cette catégorie comme Seasons ou encore Smash Up. Et surtout, tout jeu de plateau demande beaucoup d’heures de vol avant d’être totalement apprécié et maîtrisé, ce qui demande, vous vous en doutez, beaucoup de temps à consacrer à un jeu unique, ce que nombre de party gamers n’apprécient pas forcément, rendant leur intégration dans cet univers particulier assez complexe.

LOLCAT-game2Au delà, une troisième famille assez nébuleuse existe. Je la connais bien, car j’ai commencé par là. Ce n’est pas la plus aisée à intégrer et j’avoue qu’à ce jour, je ne considère pas vraiment en faire partie. Autant ai-je intégré les aspects mécaniques, autant ai-je toujours autant de mal à admettre ses codes sociaux pour tout un tas de raisons que je vais vous expliquer dans ce paragraphe. Cette famille, ce sont les jeux de cartes à collectionner tels que Magic The Gathering, Vampire The eternal Struggle ou encore les LCG (Living Card Games) comme Warhammer: Invasion ou bien Android: Netrunner. Encore plus chronophages que les jeux de plateau et d’une accessibilité très limitée étant donné le temps demandé pour acquérir les mécanismes et les schémas mentaux nécessaires à une compréhension approfondie de l’aspect combinatoire de ces jeux, cette famille est souvent mal perçue par les party gamers comme par les joueurs de jeux de plateau. Rumeur (peut être infondée), le joueur de jeux de cartes est souvent perçu comme associal, optimisateur, avec un mauvais esprit (mauvais perdant très souvent) et capable d’un mépris assez évident pour les débutants (qu’il qualifie volontiers de noob). Il est perçu comme sectaire et se rapprocherait assez volontiers de la définition du nerd. Il y a du vrai dans ces rumeurs, malheureusement. Le joueur de jeux de cartes est un technicien, on ne peut pas lui retirer ça, et c’est souvent pour cela qu’il aime ce type de jeux, parmi les plus complexes dans les interactions. Cet aspect optimisation peut déranger certaines catégories de joueurs qui aiment avant tout jouer pour jouer sans enjeu ni pression à gagner. Vous comprendrez sans doute pourquoi un technicien peut parfois s’emmerder royalement dans un party game.
Au-delà de ça, il répond à des codes sociaux assez particuliers qui participent largement à décourager des joueurs issus des deux familles précédentes. Peut-être n’avez vous pas encore lu cet article de Mar_Lard sur la communauté geek? Si c’est le cas, lisez-le, car des comportements assez similaires se retrouvent dans cette famille de jeux rendant difficile l’accessibilité à toutes et à tous. Lisez également ce billet que j’avais pondu il y a quelques temps. Tout cela pour souligner que si les concepteurs de jeu sont parfois éminemment sexistes, ceux évoluant dans ce milieu adoptent plus ou moins consciemment ces codes sociaux et nuisent à leur passion sans s’en rendre compte. Des codes, vous vous en doutez si vous me lisez, que je rejette et qui font que je ne me considère pas vraiment intégré dans ce milieu. (Bon si j’ai pas attiré des trolls à ce stade ^_^ ).

Finissons par la dernière famille, qui constitue pour moi, la plus complexe à intégrer non pas à cause d’une forte technicité mais plutôt par le degré d’abstraction demandé aux joueurs. Il s’agit bien entendu du jeu de rôle (je ne parlerai pas des Grandeurs Natures). Ce refuge vers l’imaginaire est difficile d’accès pour plusieurs raisons. D’une part, il faut un maître du jeu, une personne qui doit se coltiner un livret de règles très conséquent, préparer un scénario et assurer pendant 4 à 8h (si ce n’est plus) l’ensemble du jeu dans lequel les personnages joueurs vont plonger. S’ajoute à cela la nécessité d’être capable de se détacher de soi pour se glisser dans la peau d’un autre personnage sans autre support physique que les mots. Et, cela il faut l’avouer, cela semble étrange pour des techniciens purs et durs qui ne jurent que par des stats, pour des joueurs de jeux de plateau habitués à avoir un contenu riche en matériel manipulable et concret ou bien des party gamers plus intéressés par du fun rapidement accessible que d’un jeu demandant une implication parfois très longue en cas de campagne prolongée comportant de nombreux scénarios.

Etrangement, la mixité décroit à mesure que l’on monte dans la pyramide, les milieux les plus hardcore se révélant remarquablement réfractaire à la présence de femmes à leur table, consciemment ou inconsciemment (ce qui est d’autant plus pervers pour déconstruire une comportement parfaitement intériorisé et considéré comme légitime pour ces joueurs).

Voilà ma vision relative à ces quatre catégories. Vous arrivez au stade où vous vous demandez pourquoi je m’attache à cette classification très partiale.

Sans doute parce que j’aime comprendre pourquoi certains jeux conviennent plus volontiers à certain type de joueurs et pourquoi d’autres sont complètement rejetés. Dans un sens, c’est une réflexion intéressante à avoir pour comprendre comment initier un nouveau joueur et identifier rapidement si ce joueur devra faire plus d’efforts dans l’apprentissage d’un jeu qui n’est pas forcément dans son référentiel ludique habituel. Adapter son langage, sa manière de transmettre pour permettre une assimilation facilitée des règles et des mécaniques.

Cette réflexion est somme toute assez modeste et comme je le disais en début de billet n’a rien d’une vérité absolue. C’est empirique, ça mérite réflexion et débat.

Qu’en pensez-vous en tant que joueur débutant, confirmé voire expert?

Focus Jeu #33 : Smash Up – Même pas mort

meme_pas_mortMon dernier coup de coeur, Seasons, n’a fait que confirmer ce que j’aime dans les jeux de société et cela se ressent sans doute dans les billets écrits.
Cela va sans dire, je suis amateur de jeux de cartes qu’ils soient à collectionner, évolutifs ou tout simplement autosuffisants.

Là où Seasons intègre, une notion de draft (répartition choisies des cartes par les joueurs plutôt qu’aléatoire), un Nightfall va pousser le concept plus loin en proposant une construction pensée tout au long de la partie (on appelle ça vulgairement un deckbuilding game). Smash Up, déjà détaillé précédemment dans ces colonnes, lui, propose ni plus ni moins que du shuffle building (oui le terme fait rire), puisqu’il consiste simplement à choisir deux paquets de 20 cartes pour les mélanger et constituer la pioche du joueur.

Compliqué, n’est ce pas?

Je vais donc vous parler de l’extension Même pas Mort (Awesome Level 9000 dans la langue de Shakespeare en référence à Dragon Ball Z) traduite par Iello et offrant à nos petites mains avides de nouveautés une série de quatre factions toutes plus funs les unes que les autres.

Je ne reviendrais pas sur les règles et vous laisse faire un tour sur le billet initial de Smash Up pour savoir de quoi on parle.

Le but du jeu n’a pas changé, toujours conquérir des bases pour gagner des points de victoire jusqu’à en totaliser 15 ou plus afin d’être le grand gagnant.
Toujours pour deux à quatre joueurs si vous jouez avec la boite de base, l’extension peut néanmoins s’auto-suffire pour peu que vous ne soyez que deux à jouer.

meme_pas_mort_factionsRentrons dans le lard, le gras en gros les factions qui peuplent cette mini boîte.

Les Steampunks se présentent comme une faction relativement mobile avec une nouvelle caractéristique, le Talent, compétence spéciale qui peut être activée à chaque tour du moment que la carte est en jeu. Cela permet entre autre d’avoir une unité qui se balade de base en base. Cette notion de Talent est bien entendu exploitée dans d’autres factions de l’extension. Outre cela, la faction se démarque des autres par sa capacité à générer de l’interaction avec les bases sur lesquelles le joueur pourra attacher des cartes actions renforçant très fortement les Steampunks. C’est combinatoire, on aime, et cela reste dans l’impulsion donnée par les créateurs du jeu.

Viennent ensuite les Plantes Carnivores. Rassurez-vous, ce ne sont pas des monstroplantes (encore que, mixés avec des Robots, on doit pouvoir retrouver Diskor pas loin). La spécificité de ces petites cochonneries, c’est d’être capables de pulluler rapidement sur l’espace de jeu tout en ayant de quoi ralentir les autres joueurs sur la table. Certaines plantes bénéficient d’ailleurs du fameux Talent. L’une d’elles offre ainsi à son contrôleur de piocher une carte au début de son tour. Je frémis déjà d’avance à l’union contre nature entre les Sorciers et les Plantes Carnivores

meme_pas_mort_bases

Les Fantômes constituent quant à eux une faction qui semble étrange en première prise en main. Les 20 cartes visent avant tout à réduire drastiquement votre main à 2 cartes ou moins afin de déclencher des effets puissants et nombre de ces cartes permettent de vider sa main, littéralement. Les Zombies viennent d’emblée en tête pour se combiner avec ce moteur fantomatique capable d’alimenter à outrance la défausse de créatures à ranimer.

Dernière faction de l’extension, la Cavalerie Ours rappelle un peu les Dinosaures pour le côté bourrin étant donné que la faction ne compte que des créatures dont la force est à minima de 3. Cette supériorité physique est renforcée par des actions détruisant les créatures les plus faibles ainsi que d’une forte capacité à déplacer les unités adverses plus faibles de base en base (ça fait peur un ours en colère 😛 ). La faction se révèle du coup beaucoup plus fine à jouer qu’on pourrait le penser.

Jointes à ces quatre factions, des bases viennent rejoindre le paquet de la boite de départ pour permettre de renouveler l’expérience de jeu.

Que dire de cette extension ?

smash_up_CthulhuElle apporte un enrichissement net du plaisir ludique tout en apportant une accélération des parties (ce qui peut être mal pour certain(e)s). En effet, l’intégration de l’extension augmente l’agressivité du jeu, rendant les bases très sensibles aux combinaisons mises en oeuvre par les joueurs et permettant des parties plus courtes, plus intenses tout en ne pardonnant que très peu d’erreurs.

Cela étant, c’est loin de dénaturer le jeu qui reste très plaisant.

Ajoutons qu’une fois de plus, l’extension est à la hauteur côté graphisme tant par ses dessins magnifiquement léchés (les ours, ça lèche), son humour décalé et ses clins d’œil bien barrés.

Alderac, l’éditeur initial du jeu, ne nous laisse d’ailleurs pas souffler puisque la seconde extension, déjà sortie en VO courant septembre, projette les joueurs dans le monde sombre et fou de Cthulhu. Iello prévoit de nous le livrer en VF début 2014. Plus qu’à patienter quelques mois pour intégrer 4 factions de plus, de quoi donner amplement le temps de tester de fond en comble Même pas Mort ^_^